Note de Jérémy : Sidney nous propose aujourd’hui un article très complet sur la laine. Vous vouliez savoir de quoi étaient fait une bonne partie de vos vêtements ? Vous allez tout apprendre aujourd’hui.
Dans cet article je traiterais principalement de la laine de mouton.
Je parlerais d’abord des propriétés de la laine de manière générale avant d’explorer les différences entre les laines de chaque animal.
Il existe plusieurs types de laine selon l’animal que l’on choisit. La différence se fait à l’épaisseur des fibres de la toison.

Les 4 grandes propriétés physiques de la laine:

Hygrométrie :

La laine est, parmi les fibres textiles celle dont la teneur en humidité est la plus grande (deux fois plus grande que celle du coton) et la plus sujette à variations en raison de l’état d’humidité de l’endroit où elle se trouve.
Ainsi une balle de laine pesée à en Equateur, pays humide, perd du poids quand on la transporte dans le midi de la France et réciproquement.

Toutes les fibres textiles ont la propriété d’absorber une certaine quantité d’humidité atmosphérique, sans que l’on puisse s’en rendre compte au toucher.
Si l’on chasse cette humidité par un séjour de quelques heures dans une étuve chauffée vers 100°, la matière textile devient anhydre et perd du poids; elle en reprend au refroidissement à l’air parce qu’elle s’humidifie de nouveau.

Pour départager les vendeurs et les acheteurs de matières textiles en cas de contestations sur la question d’humidité, on a dû établir par l’expérience, la valeur moyenne de la reprise normale d’humidité pour chaque sorte de textile.

Ainsi pour la laine, on admet actuellement que:

  • 100 kilogrammes de laine cardée anhydre reprennent 17kg d’eau
  • 100 kg de laine peignée 18,25kg
  • 100kg de laine lavée brute 16kg

Ces valeurs sont dites reprises normales d’humidité.

Elasticité, Résistance et Constriction :

Une substance est dite élastique si, soumise à une action mécanique elle reprend, sitôt libre, sa forme initiale.

La laine est douée d’une notable élasticité.

Si l’on comprime une petite masse de fibres dans la main elles reprennent aussitôt leur volume premier.
Dans le sens de la traction, la laine s’étire facilement, mais reprend difficilement sa forme d’origine, notamment les ondulations. C’est pourquoi les tissus en pure laine se déforment.
C’est aussi l’élasticité de la fibre que l’on utilise en même temps que la propriété de plasticité pour remettre à largeur convenable les tissus que les traitements de fabrication ont laissés trop étroits.

L’allongement que l’on peut obtenir d’une fibre grâce à son élasticité est limité par sa résistance; au-delà d’une certaine limite la fibre se rompt.
Selon les laines, la rupture des fibres étirées se produit pour un allongement de 20 à 30% de la dimension primitive.
La résistance d’une fibre textile peut se mesurer par la longueur d’un filament qui se romprait sous l’action de son propre poids.

Ainsi, la longueur de rupture serait pour la laine de 8 000 mètres sans doute de sa structure peu homogène. La laine est une fibre bien moins solide que le coton ou la soie.

On peut observer qu’une fibre de laine sèche soumise à l’action de la vapeur d’eau chaude, se tord sur elle-même, se ramasse en spirale, se frise et, en définitive se présente avec des ondulations différentes de ses ondulations primitives.

La laine manifeste donc la propriété de se contracter.

Il semble que ce fait soit en rapport avec la conformation de la fibre et l’explication suivante paraît assez plausible :

La fibre viendrait au jour en sortant d’une gaine spirale, véritable matrice qui lui imprimerait sa forme ondulée caractéristique.
Par la suite, sa croissance serait gênée par de nombreux obstacles, le suint (de la matière graisseuse), la masse de la toison, de sorte que la forme initiale de la fibre s’altérerait d’une façon considérable et les ondulations irrégulières qu’elle prendrait seraient le résultat de ces actions.

Autre avantage : la laine reste facilement propre. En effet, c’est un faible générateur d’électricité statique, donc elle ne retient pas la poussière et se salit peu.

Plasticité :

Immergée dans l’eau froide la laine paraît se ramollir et augmenter de volume.
Il en est de même dans l’eau chaude mais avec plus d’intensité.
A cet état, la laine présente un certain degré de plasticité car moyennant l’action d’une grande force mécanique, il est possible de donner aux fibres une forme nouvelle, de les écraser, de modifier leurs ondulations; ces déformations se conservent après séchage.

C’est la plasticité de la laine que l’on utilise par exemple dans le décatissage, traitement d’apprêts qui, dans la fabrication du drap fait suite au pressage.

Le pressage est une opération qui a pour but de donner du brillant au tissu.

Par l’action combinée de la chaleur et de la pression on aplatit et l’on serre les unes contre les autres les fibres de la surface de l’étoffe, fibres qui, après les traitements de lavage de foulage, de lainage, de tondage se présentent très dispersées et confèrent au tissu un aspect mat.
Par le pressage les fibres de surface sont aplaties, serrées les unes contre les autres; elles se présentent comme une fine mosaïque qui réfléchit la lumière et donne au tissu un brillant agréable.

Mais le brillant ainsi conféré à l’étoffe par la presse ou la calandre n’est pas absolument définitif.

Si, parmi les filaments couchés par la pression il en est qui ont acquis une déformation définitive, beaucoup d’autres, par contre, sous l’action de l’humidité reprendront brusquement ou peu à peu leurs positions antérieures et le brillant disparaîtra.

Qu’une goutte d’eau tombe sur le tissu et l’on a une tâche en ce point.
Un grand nombre de fibres reprendront grâce à l’humidité leur force de contraction naturelle, elles se dégageront de la mosaïque et se disperseront en tous sens.

La surface du tissu redeviendra irrégulière et se présentera sur le fond brillant comme une tâche mate.
L’action généralisée de l’humidité atmosphérique provoquera la disparition du brillant de l’étoffe à cause de la réapparition des forces de contraction en trame et en chaîne et un feutrage fort désagréable s’il s’agit d’un vêtement par exemple.

C’est au décatissage d’anticiper en quelque sorte sur cette action pernicieuse de l’eau. C’est son rôle de fixer les fibres dans la position où elles se trouvent après le pressage.

Dans le Larousse le décatissage est définit comme étant l’opération consistant à soumettre les tissus de laine à l’action de la chaleur humide afin de faire disparaître les effets de lustrage et qui provoque, en outre, la stabilisation de l’étoffe.

Le tissu à décatir est enroulé fortement serré puis soumis à l’action de l’humidité et de la chaleur.

L’humidité et la chaleur fendent la laine plastique et la pression d’enroulement fixe les fibres dans la position qu’elles avaient acquise au pressage.
Cependant, comme il est impossible de produire par l’enroulement une pression aussi grande que celle de la presse il en résulte que le décatissage détruit toujours, en partie, l’effet de la presse.
Par contre le brillant qui reste est définitivement fixé (c’est le brillant dit indestructible).

La plasticité de la laine intervient encore dans le très important traitement d’apprêt qu’est le foulage.
Traitement qui transforme la toile de laine que donne le tissage en un drap épais et résistant.

Le Feutrage

La laine possède une propriété qui la distingue de toutes les autres fibres textiles, celle de se feutrer.

Si l’on soumet une masse de fibres de laine à l’action simultanée de frottements, de chaleur, d’humidité on finit par obtenir une matière ayant forme et aspect de tissu, compacte, résistante à la traction que l’on appelle feutre.

Le foulage, traitement d’apprêts spécial aux tissus de laine cardée, est une application industrielle très importante de la propriété feutrante de la laine.

Celle-ci est due, en grande partie, à la plasticité de la laine, qui soumise à des actions. mécaniques, sous une ambiance favorable, se ramollit, se soude aux fibres voisines.
L’union intime des filaments est favorisée par la forme ondulée des fibres, par leur surface écailleuse et aussi par l’action des alcalis (oxyde des métaux alcalins proche de la soude par leurs propriétés chimiques), de la chaleur, par l’action mécanique des chocs, des frottements, par l’action de la force de contraction qui concourent à rapprocher les fibres, à les ramollir et à permettre leur soudure.

A l’école la physique et la chimie étaient enseigné ensemble !

Alors c’est au tour des… *roulement de tambours*

Propriétés Chimiques de la laine

  • Le constituant principal de la laine est la kératine, molécule complexe constituée d’acides aminés. Tout comme les cheveux et poils humain
  • La laine est complètement désagrégée par le chlore pur, tandis qu’une solution contenant du chlore par exemple l’eau de Javel détruit les écailles de la laine situées en surface des fibres et la rende jaune.
  • La laine peut plus facilement être teinte après avoir été traitée par des acides dilués.
  • L’eau oxygénée a un effet blanchissant sur la laine : en effet elle la décolore tout en préservant la fibre

Les Opérations de traitement de la laine:

Les différentes opérations sur la laine du mouton sont les suivantes, par ordre chronologique.

Tonte :

tonte mouton

Il faut couper la toison du mouton chaque année : c’est la tonte.
Elle a lieu au printemps, encore que la tonte puisse avoir lieu deux fois dans l’année.
La laine poussant plus vite dans les premiers mois qu’ensuite.
Aspect de la toison après la tonte du mouton :

laine après tonte

Lavage:

La laine fraîchement tondue est remplie de suint, ce qui lui donne un toucher gras et une odeur forte : il faut alors la laver.
La quantité de suint et d’impuretés présents dans la laine tondue peut aller jusqu’au 2/3 de son poids.
Après la tonte, les toisons sont roulées en balles (de 170 kg en moyenne) pour être acheminées vers les centres de vente.

Les phases pour laver la laine fraîchement tondue sont :

  • Lavage : la laine est d’abord trempée dans l’eau froide toute une nuit dans l’eau. On utilisait souvent une planche à laver, disposée près d’un bassin alimenté en permanence par l’eau de source, et on tapait de temps en temps sur la laine avec un battoir pour enlever les impuretés.
  • L’opération de dégraissage consiste à séparer la suintine (constituant de la graisse) et à la récupérer (dissolution à l’eau froide du suint ou centrifugation de la lanoline). La graisse, une fois raffinée, pour être utilisée en pharmacie et en cosmétologie pour sa lanoline (graisse de laine).
    Lors du dégraissage, on veille à ne pas retirer complètement la graisse : 1% en poids est laissée dans la laine pour qu’elle puisse être travaillée et éviter les phénomènes d’électricité statique, gênante pour le cardage.
  • Le rinçage : abondant avec de l’eau froide.
  • Le séchage ne doit être ni insuffisant ni excessif. Un séchage trop important entraîne des problèmes d’électricité statique, et si la laine est trop humide, elle aura du mal à avoir ses fibres parallélisées lors du cardage. De manière artisanale, la laine est séchée en étant étalée au-dehors sur un grand drap blanc en plein soleil.

Cardage :

Le mot cardage, vient de chardon, plante hérissée de piquants qui pousse le long des chemins. En effet, au cours de leurs déplacements en troupeau, les moutons se frottent parfois contre des chardons. Les bergers frottaient autrefois les toisons avec des chardons pour nettoyer et assouplir la laine.

Cette opération consiste à démêler et aérer la laine. La laine est d’abord ensimée, c’est-à-dire imprégnée d’une émulsion qui facilite le démêlage.
On la passe ensuite dans la carde : le cardage artisanal, à la main, consiste à écarter doucement la laine entre deux plaques de bois.

cardage manuel laine

Les cardes l’une des plaques est fixée sur un banc, le banc à carder, tandis que l’autre est tenue par les deux mains et permet de griffer et d’écarter la laine.
Le cardage industriel utilise des tambours garnis de très fines pointes d’acier, tournant à grande vitesse, qui divisent et parallélisent les fibres de laine.

Voici des machines automatiques sevrant à carder la laine.

Cardeuse mécanique à laine

cardeuse laine

Selon l’emploi ultérieur qui sera fait de la laine cardée, les phases suivantes sont réalisées.

Peignage:

La laine cardée présente de petits amas très courts, les bourres ou blousses. Il faut les enlever au moyen de peignes.
Cette opération complète et parfait le cardage des laines passant par le cycle peigné. Pour ce faire, le ruban de carde passe par une suite de peignes de plus en plus fins.
La laine qui sort du peignage est apte à la filature, sous forme de rubans de peigne.

Voici deux peignes à laine ancien que l’on utilisait lors de l’opération à la main.

peigne laine
De nos jours les peignes sont moins imposant et leurs dents sont en métal

Défeutrage:

On dit que les fibres feutrent lorsqu’elles sont encore emmêlées à l’issue du cardage.
Le défeutrage consiste à régulariser le ruban, à aligner et paralléliser les fibres de laine. Des machines de doublage et d’étirage des rubans sont employées à cet effet.

Filature :

filature laine

Par l’opération de filature, les mèches de carde et les rubans peignés sont transformés en fils.
Elle consiste en étirages successifs par les métiers à filer, où la mèche ou le ruban primitifs vont être désépaissis jusqu’à une grosseur 400 fois moindre.
Au cours du procédé les fils subiront aussi une torsion sur eux-mêmes et un enroulement autour d’un autre fil pour obtenir une plus grande solidité.
C’est à cette étape qu’on fabrique les laine à 1, 2, 4 voir 12 fils.

Dans l’artisanat la filature de la laine s’effectue encore à la main à l’aide d’une quenouille ou d’un rouet.

Teinture:

La laine propre du mouton est naturellement blanche.
On peut la teindre aux différentes phases précédentes.
Dans tous les cas on utilise de grands récipients contenant des solutions de teinture bouillantes où l’on plonge la laine que l’on remue longtemps. Elle est ensuite rincée, essorée et séchée.

Tissage :

Voici ce à quoi une machine à tisser moderne ressemble de nos jours :

machine tisser laine

C’est un véritable outil de haute technologie.

    Le tissage consiste à croiser les fils, peignés ou cardés, en trames serrées. Les fils à tisser sont disposés de deux manières:

  • ceux disposés dans le sens de la longueur de la pièce de tissu forment la chaîne,
  • ceux disposés dans le sens de la largeur forment la trame.

Le tissage s’effectue à l’aide du métier à tisser : les fils de chaîne y sont alignés parfaitement et sont soulevés alternativement pour permettre aux fils de trame, entraîné par le va-et-vient de la navette, de s’entrecroiser avec eux.

Progressivement, les fils de trame s’alignent perpendiculairement aux fils de chaîne, jusqu’à terminaison de la pièce de tissu.

Tricotage :

Par le tricotage, le réseau de mailles est fabriqué à l’aide d’un fil formé en boucles par le métier à tisser, en les faisant passer les unes dans les autres.
Le tricotage industriel produit des tissus tricotés, en jersey, ou des tricots prêts à porter.

Les apprêts :

Ce sont des opérations de finition des tissus de laine tissés ou tricotés. Elles peuvent consister en grattage des tissus pour rendre leurs surfaces veloutées, ou en foulage, compression du tissu encore humide entre rouleaux.
Ils sont alors prêts à la vente.

Voilà pour la laine dans son aspect général !
Je vous présenterais lors d’un prochain article les animaux dont la toison est utilisée pour fabriquer cette belle étoffe.

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