J’ai récemment eu la chance de rencontrer l’équipe du magasin O Paris, situé rue Bourg du Tibourg, dans le marais. O Paris propose une sélection de marques et de produits très particulière. Plongez avec nous dans l’univers des marques avant-gardistes européennes !

Du simple magasin à la boutique multimarque

Avant que de s’appeler O Paris, ce magasin appartenait à 0044 Paris. Cette marque, créée par Seiichiro Shimamura en 1998 devait compléter l’univers de son concept store japonais n°44 à Tokyo. En 2005, la marque ouvre sa deuxième boutique rue Bourg Tibourg.


En premier lieu, le directeur fondateur de la marque 0044 Paris souhaitait en faire un lieu où artistes et designers pourraient se rencontrer, échanger et créer. Un pari plus artistique que purement textile. Depuis 2011, l’enseigne est devenue une boutique multimarque : O Paris. La lettre “O” définit la boucle, l’infini, la mutation – et la création perpétuelle.

boutique o parisLa boutique, très lumineuse, sise 16 rue du Bourg Tibourg. La décoration plonge le visiteur dans un univers très particulier : caisses en bois bruts, tête de cerf géant, cabine d’essayages, tout concoure à la création d’une atmosphère unique.


Laurent Bevis, directeur du magasin, a pour ambition principale de dénicher des designers européens particulièrement créatifs, qui proposent des produits sans forme standard, mais tout à fait portables.


La direction artistique de Laurent est très identifiable : loin des courants néo-punk ou gothique, le style défendu est plutôt déstructuré. Nous en conaissons les designers-stars qui bénéficient d’une forte publicité : Rick Owens, mais aussi Carol Christian Poell (CCP) ou Ann Demeulemeester. Cependant, l’objectif affiché par l’équipe est plutôt de dénicher les designers de demain. En effet, la moyenne d’âge d’une partie des créateurs présents dans le magasin se situe aux alentours de 25-35 ans (quand on sait que Rick Owens en a 52 !). Certains parmi ces designers travaillent dans leurs petits ateliers, et confectionnent à échelle humaine leurs propres collections. Pour le reste, aucun parmi ces créateurs ne délocalise sa production : beaucoup de produits sont “made in France” – les créateurs sont majoritairement français -, ou bien sont produits dans les pays où habitent les créateurs. Toutes les pièces sont confectionnées en petites quantités.

o paris

C’est un parti-pris qui nous touche particulièrement : la haute-confection artisanale et la haute création artistique sont les deux piliers d’une mode/d’un style unique.


Yohann Masson, qui fait partie de l’équipe du magasin, aime à rappeler que ces vêtements peuvent être portés dans la vie quotidienne et au travail sans aucun problème. Il est vrai que les pièces proposées sont toujours confectionnés à partir du corps et pour le corps, ce qui les rend confortables et portables. À titre personnel, je pense qu’il faut avoir un supérieur ouvert d’esprit pour accepter ce style de vêtements. Halte au cliché cependant : certaines pièces, comme des vestes de costumes ou des chemises, sont plutôt structurées – on pense par exemple aux pièces de Sébastien Blondin, que vous connaissez déjà, puisque vous avez pu lire notre article à son sujet.

Une clientèle avertie

La boutique ne peut pas se permettre d’utiliser de moyens de communication trop conséquents (pas de publicitié par exemple), mais l’équipe organise des événements pour chaque Fashion Week. Des designers investissent l’espace et se l’approprient en y apportant leur univers : l’espace est modulable, il est modifié grâce au regard d’un architecte, d’un designer ou d’un plasticien. Des soirées de présentation ont également lieu à chaque début de collection.

o parisPour le lancement de la collection printemps/été 2014 de Sandrine Philippe, certaines pièces étaient mises en avant grâce à une scénographie intéressante : sol charbonneux et troncs de bouleaux conféraient à l’espace une atmosphère et une énergie uniques.


Les clients du magasins sont généralement aisés, car les pièces qui sont distribuées sont de haute qualité et possèdent un design poussé : cela a un coût. La clientèle est masculine – c’est le marché porteur dans cette niche – et avertie : designers, architectes, artistes en tous genres se côtoient régulièrement.


On note tout de même que certains touristes et étudiants peu aisés s’offrent de temps à autres des bijoux, qui constituent une sorte d’entrée de gamme, aux alentours de 40/50 euros.



La concurrence à l’international

En France, il semble complexe de trouver un équivalent à cette boutique. On pourra penser au magasin L’éclaireur qui propose une sélection plus “mainstream” de designers beaucoup plus connus (comme Rick Owens). À l’international en revanche, plusieurs boutiques partagent la même vision que Laurent : Antonioli, en Italie, qui propose une  grande variété de créateurs (et qui se rapproche plutôt de l’éclaireur), TABO, en Italie également avec des marques comme Minoar ou META, Darkland à Berlin, ou encore Shop Untitled, à New-York.

Une offre en constante mutation

Comme je vous le disais, il n’est pas question ici de vendre des produits très connus du grand public, mais plutôt de trouver les talents de demain, encore inconnus du grand nombre.


Afin de remplir son rôle de “tête chercheuse de l’avant-garde”, Laurent Bevis est en repérages constants : grâce à sa marque, META, Laurent peut rencontrer designers et modélistes lors des salons ou événements en tous genres. Sur internet, par Instagram ou par le biais d’autres boutiques internationales, Laurent repère de nouvelles griffes, et les sélectionne en toute indépendance.


META
Après avoir étudié un an au studio Berçot, Laurent a travaillé dans plusieurs grands magasins multimarques comme Colette, Shine, ou encore On Ward. Fort de son expérience, et souhaitant lui-même se lancer dans l’aventure, il a créé sa marque avec Maxime Llorens en 2013. Inspiré par la nature – comme beaucoup d’autres créateurs de la boutique – et ses quatre éléments, Laurent propose des pièces aux coupes originales, jouant des superpositions et des matières.

meta

Barbara I Gongini
Basée à Copenhague, créée en 2005, la marque propose des produits aux coupes géométriques particulièrement intéressantes. On aime les pièces à manches et les cuirs, tout simplement splendides.
barbara i gongini


Sandrine Philipe
Cette créatrice parisienne utilise des fibres naturelles – coton, laine, soie – pour créer des vêtements au cachet unique. On aime le côté “vintage”, et on rappelle que certaines marques peuvent effectivement proposer des pièces très structurées ! Ici, des clichés de l’automne/hiver 2013/2014.

sandrine philipe

Une silhouette finalement assez ordinaire – bottes, pantalon et sweat – mais composée de pièces exceptionnelles !

sandrine philipe 2


The last Conspiracy

Les amoureux des belles chaussures connaissent certainement déjà cette griffe danoise. Les paires, en cuir de cheval, sont confectionnées entièrement à la main.

the last conspiracy


Minoar

La marque tire son inspiration de la nature, et propose un vestiaire organique, sans couleur, et maîtrisé.

Minoar


Le mot de la fin

Merci à l’équipe du magasin qui m’a très chaleureusement accueillie. Pour suivre l’actualité de la boutique et de ces designers (la sélection ici présentée est loin d’être exhaustive), je vous conseille de consulter le blog. On vous fera découvrir d’autres concept stores sympas très prochainement.



À très bientôt


Adrien


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