Le cuir. Tout le monde a un jour pensé à acheter un blouson en cuir noir comme Marlon Brando dans L’Equipée Sauvage.
Ce bon vieux perfecto Schott noir en cuir épais aura marqué plusieurs génération.
Le “souci” du cuir est que c’est une matière exigeante tant au niveau du savoir-faire que de la qualité de la matière. La démesure n’est donc jamais très loin quand on en vient à celui ci, surtout si on enchérit avec les pièces en cuir exotique ou les peaux avec des traitements uniques.
Et à part les grandes maisons, designers et spécialistes connus et reconnus pour faire de belles pièces en cuir, et qui ont l’habitude de proposer des pièces intéressantes (Rick Owens, Hermès, LGB, Giorgio Brato, Balmain, Saint-Laurent, Lanvin etc.. dont le rapport qualité/prix est mal placé, mais qui possèdent des pièces aux beaux designs et avec des traitements spéciaux), il existe très peu de petites maisons spécialisées, très peu de maisons confidentielles, proposant ce genre de pièces. Les prix y sont généralement assez élevés (la matière et le savoir-faire l’impliquent) mais le produit est d’une gamme équivalente voir supérieure, et le rapport qualité/prix bien mieux placé.
Il est donc de notre devoir de vous faire part de nos découvertes en la matière. Spécialement quand celle ci nous rappelle le plaisir que l’on a à les découvrir, les rencontrer, voir les pièces. On ressort de ces rencontres avec l’œil du tigre et l’envie d’en faire toujours plus.
C’est ce qu’a provoquer Hoon chez moi !
Alors prêt à vibrer avec nous ?
Hoon, l’aventure d’un passionné
L’entreprise a été fondée en 2005 par Adrien Haddad, qui a débuté en faisant de la bijouterie en collaboration avec la maison Arthus-Bertand (médaillistes joailliers). Je l’ai bien évidemment interrogé sur le parcours de la marque. Je voulais notamment savoir comment il s’en était retrouvé à faire du Pret-à-Porter.
Hoon existe depuis 2005 et a démarré alors qu’ Adrien était encore en école de commerce. Quand je lui en ai demandé la raison, il m’a très rapidement expliqué son choix :
“Je m’ennuyais dans ce que je faisais. J’ai eu l’occasion de partir au Japon plusieurs mois mais juste avant d’y aller je me suis dit qu’il fallait que je monte un truc pour avoir quelque chose à faire. Mes études ne me parlaient plus, et je voulais faire quelque chose en lien direct avec mes passions.
J’ai donc fondé cette marque de bijou, Hoon, en 2005, mais sans but clairement défini à l’époque.
J’ai tapé à la porte de la maison Artus-Bertrand. En l’espace de 3 ou 4 mois, j’ai créé 3 bijoux, complètement “à l’arrache”.
Inspiration hip-hop pour ces bagues doubles, reprenant par exemple le célèbre ghetto blaster vu dans Do the Right Thing de Spike Lee
Puis je suis parti. J’ai montré mes bijoux au Japon et ça a marché. Je suis rentré en France et ça a marché aussi, aux Etats-Unis j’en ai vendu un peu. J’ai vu que ça prenait, ça me plaisait et c’est comme ça que je suis tombé dedans.”
Les passions d’Adrien se composent des cultures underground américaine et japonaise, et notamment l’univers du streetwear/workwear. Lorsqu’il me présente les pièces des collections, dans la boutique, on ressent ce côté perfectionniste, très exigeant que les japonais peuvent avoir lorsqu’il s’agit de leurs passions.
D’ailleurs, dans la boutique vous retrouverez des magazines traitant de tout l’univers workwear, streetwear américain et japonnais que les deux pays affectionnent à un degré quasi-fanatique :
En 2009, suivant son désir, Adrien décide de commencer le travail du cuir, dans l’esprit de la perfection du produit, du détail, du savoir faire et de l’expérimentation.
“Le cuir a été une question d’opportunité, c’est à dire que je faisais du bijou et que ça marchait bien ; mais j’ai eu envie de faire plus de choses, parce ce que ça me frustrait un peu de ne produire que ça. Et l’idée de Hoon à l’origine n’était que mono-produit, donc le point de départ a été mon envie de faire un truc qui requérait beaucoup de travail, et j’ai eu envie de faire ça avec le cuir.
Et c’est là que je suis tombé dans la marmite.
En commençant par faire deux, trois pièces en cuir, j’ai très vite développé une passion pour la matière, pour les gens qui y travaillent et tout cet univers que je ne connaissais au final pas du tout !”
En 2009 également, Adrien s’associe avec Thibault Dollet (qui dispose d’une formation de tailleur) pour se lancer dans cette aventure :
“J’ai rencontré Thibault, mon associé, en bossant sur les premiers modèles qu’on faisait. Il modélisait les cuirs en free-lance pour Hoon. Le feeling est passé et on a très vite découvert ensemble tout ce métier. Et il a intégré l’équipe à 100%. C’est comme ça qu’est née Hoon tel qu’il est aujourd’hui.”
Ce qu’il faut également savoir, c’est que Hoon ne réalise de PàP que depuis un an et demie (mi 2012) alors que leur travail du cuir se fait depuis 3 ans déjà. Ils travaillent énormément avec l’industrie du disque et de la musique, c’est une de leur principale activité.
Un autre point à propos de cette maison, c’est qu’elle propose un service de mesure. Et oui, comme chez les tailleurs. Vous pouvez aller vous faire faire un cuir de votre invention, ou bien réarranger à votre morphologie une pièce de la collection PàP. Adrien et Thibault se feront un plaisir de vous aider dans ce qui peut être une vrai démarche personnelle et une expression de soi à travers le vêtement.
Une ode au cuir et son emploi
Si vous deviez trouver des aficionados du cuir dans le genre de ceux de Hoon, vous chercheriez longtemps avant de trouver.
On peut le dire sans retenue : les seules maisons travaillant le cuir à ce niveau, avec des savoir-faire équivalents, sont des maisons comme Balmain, Alaïa, Hermès ou encore Carol Christian Poell. Toutefois, il faut savoir que la démarche de ces maisons est très différente de ce que fait Hoon.
D’un côté, ces maisons choisissent le cuir par rapport à sa cohérence avec la pièce, aux concepts et idées qui lui sont propres. Elles sont dans la logique du design et des collections, et donc dans une démarche intellectuelle.
Tandis que chez Hoon, la démarche est plutôt inverse. Ils partent de la matière première, du cuir. C’est le point de départ autour de quoi tout est réuni. Les pièces ne sont pas développées à partir d’une inspiration particulière, mais il y a bien sûr tout le background des créateurs qui ressort sur l’ensemble des pièces.
Le background culturel de Adrien est composé par toutes les cultures underground Japonaises et Américaines, le streetwear, le rap, le hip-hop. Elles participent forcément dans les choix du design même si ce n’est pas de là que vient principalement l’inspiration. Il n’y a donc pas de référence stricte pour une collection mais plutôt un travail d’atelier. La création de la pièce se fait en même temps que sa réalisation et au fur et à mesure que les collections prennent forme.
C’est une démarche plus pratique et plus réelle.
Adrien m’avoue que les collections sont de plus en plus orientées par le choix des matières employées qui sont réalisés en amont. Le travail commence donc là avant de passer à la phase de moulage ou des formes envisagées. Les matières vont guider le dessin de la collection.
Ce que vous pourrez trouver chez Hoon et nul part ailleurs c’est cette passion, et cette recherche sur la matière employée. C’est presque du fétichisme.
On peut noter: Le cuir délavé, froissé, imperméable et ultra-résistant de couleur blanche ou rouge. Vous pouvez même le passer en machine à 30°C !
Le cuir existe en rouge ou en blanc et est unisexe. Deux choix de fermetures, boutons ou zip.
Le cuir bubble qui a pris trois ans de développement avant de parvenir à un résultat satisfaisant. La peau a acquis un volume, une texture vraiment hors du commun. On se demande comment c’est possible en la voyant. Il ne sort que cette année :
Personnellement je suis grand fan 🙂
Perfecto en cuir de chèvre très légèrement grainé, appelé le California dans la maison, qui est très structuré avec une brillance particulière.
Adrien m’affirme que l’on est rarement au bout de ses surprises avec le cuir tant les possibilités sont nombreuses :
Ces deux blousons sont issues de la collection femme, mais la peau reste la même. Observez leur brillance naturelle. Le cuir a un grain extrêmement fin, doux et tient debout quasiment tout seul.
La marque travaille à Paris, les cuirs sont fait main dans un atelier partagé avec Balmain et Alaïa. La création et le modélisme sur mannequin se font juste à côté du point de vente de la rue Verbois où se trouve l’atelier de création.
Le cuir se mange à toutes les sauces chez Hoon.
Aussi peut-on trouver un cardigan en cuir gras d’agneau d’une souplesse que je n’avais jamais vu auparavant. Il peut se porter comme un blouson en été ou sous une veste/blouson pour une utilisation classique.
– Un pantalon en cuir de cheval, très robuste, fait d’une seule découpe ce qui exige énormément de technique. Ce pantalon est destiné à se patiner avec le temps, reprenant ainsi sa couleur naturelle, proche du beige, tout comme les blousons d’aviateur de la seconde guerre mondiale, qui en sont la source d’inspiration d’ailleurs…
– Des pantalons pour femmes en cuir strech qui ont reçu des traitements pour des couleurs et reflets lumineux subtils et discrets.
– Des bi-matières aussi : Coton japonais et agneau plongé.
Blouson basique en coton avec les poches en cuir.
Le deuxième blouson est un de ces bi-matières. Un style d’inspiration militaire. Les matières sont à couper le souffle
Drap de laine militaire et agneau plongé.
Bomber revisité de la collection d’hiver 2013. Très simple à porter. Je l’ai essayé, il est lourd vu l’épaisseur du drap de laine, tiens bien chaud et fit très bien le corps. Bon pour un premier blouson un peu particulier.
Drap de laine et velours
Laine Calgan (mouton mongol) et veau box très rigide d’une inspiration un peu Mad Max qui contraste avec le côté extrêmement soyeux de la laine.
Une pièce extraordinaire, très surprenante qu’il faudra assumer mais qu’on adore sur Bw-Yw tant cela peut paraître fou ! 😀
Caractéristiques générales des blousons
Outre les matières composant les pièces on peut noter que le design qui ressort de chaque pièce est très réussi !
Cela passe par des corps structurés, très bien coupés, des zips de qualité qui viennent éclairer un cuir d’un noir profond, et qui marquent les lignes quelles soient horizontales ou verticales, des poches discrètes simplement coupées dans la peau. Les doublures des manches sont en satin rouge sur tous les blousons et les corps sont eux doublés avec de la viscose de haute qualité.
Contrairement aux polyesters, acrylique et autres polyamides qui sont des fibres synthétiques issues de l’industrie petro-chimique et ennemi du confort, la viscose, elle, est issue de la cellulose provenant de la pulpe du bois. Elle est artificielle et a les mêmes propriétés que le coton. C’est donc une matière qui respire et qui est parfaitement adaptée pour une doublure.
Si vous observez certains des blousons vous noterez des épaules très nettes, comme celle des vestes tailleur.
Cela donne au cuir un côté moins brut mais également un côté plus habillé et soulignant vraiment la carrure même si l’on est pas taillé comme un dieu grec ou que l’on manque d’épaule.
Ce qui frappe par ailleurs c’est la cohérence des pièces. Elles sont toutes équilibrées, aucune n’en fait “trop” et aucune n’est desservie par son design.
Les peaux mettent en valeur les pièces et vice versa. Il se dégage de la collections beaucoup de force, de simplicité et de richesse à la fois, avec des pièces comme la canadienne, les bombers bi-matières ou encore les blousons bikers.
Maintenant que vous connaissez la démarche créative de Hoon vous comprendrez que c’est un peu malgré eux que l’on peut apposer ce genre de qualificatifs. Ce sont nous, les observateurs qui apposons nos perceptions sur ces blousons de facture incroyable.
Mes coups de coeurs
Le perfecto en laine, cuir et fourrure je l’adore! Il s’est d’ailleurs très bien vendu m’a confirmé Adrien. Et le mouton calgan/box calf fonctionne beaucoup en Asie.
Une petite touche d’art tailleur avec cette veste que l’on pourra facilement porter pour un ensemble dépareillé.
Mes préférés de tous, et c’est difficile de choisir je vous le garantis, ces blousons en agneau velours de couleur naturel. Couleur clair facile à accorder et design plus affirmé qu’un basique.
Le perfecto épuré de la marque avec une magnifique patine marron. Ce blouson vit bien.
Conclusion
Hoon a tout de la petite maison qui deviendra grande. Encore confidentielle elle recèle une richesse rare. Une adresse pour tous les amoureux du cuir ou pour tous ceux qui aimeraient découvrir cette matière aux mille et une facettes. Tout le monde y trouvera son bonheur à condition d’avoir le budget conséquent à l’acquisition ou à la réalisation d’une de ces merveilles !
Assurément une des marques que j’ai eu le plus de plaisir à découvrir.
J’espère que vous apprécierez autant que moi le travail proposé, et faites nous partager vos avis dans les commentaires 😉
Sidney, des étoiles plein les yeux…
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