Le « tee-shirt » ou « T-shirt » est un vêtement décontracté en forme de T porté sur le haut du corps. Tantôt chandail, gilet ou tricot, son histoire très riche remonterait au début du 20ème siècle. L’occasion pour nous de revenir sur ce vêtement emblématique et centenaire, dont plus personne ne peut aujourd’hui se passer.

Aux origines du tee-shirt

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Le T-shirt, un classique de la culture américaine, était à la base une tenue réglementaire de la United States Navy. À l’origine, il était porté comme sous-vêtement, mais il deviendra un véritable vêtement dans les années 1930, durant lesquelles sont usage va tranquillement se généraliser. Il trouve d’abord son terrain de prédilection dans le sport (la collaboration entre l’équipe de football américaine des Trojans et Cooper’s Jockey, célèbre firme textile, va nettement le populariser), puis au cinéma, notamment dans le film New-York-Miami où il est porté par l’acteur Clark Gable.

En 1943, les G.I qui débarquent en Europe sont tous vêtus de T-shirts. Un an plus tôt, un soldat arborant l’écriteau « Air Corps Gunnery School » fait la couverture du magazine Life. Marlon Brando donne au T-shirt sa dimension culturelle dans Un Tramway nommé Désir. James Dean, dans la Fureur de vivre fait de lui un vêtement relax, sexy et décontracté. Parmi ses illustres créateurs, on peut notamment citer les sociétés Cooper’s Jockey, Hanes, Fruit of the Loom ou Pilgrim.

Tous ces anecdotes nous laisseraient presque penser que le T-shirt est une création 100% américaine. Mais comme le rappelle Romain du site Grafitee – c’est bien en Europe que le T-shirt trouve ses racines.

« L’histoire US du T-shirt, telle qu’on nous la présente, est un mythe plein de raccourcis. La réalité est bien plus complexe. Plusieurs témoignages nous rapportent que c’est pendant la 1ère guerre mondiale que les soldats américains découvrent un maillot à manches longues, en coton léger, porté par leurs homologues français.

Si on gratte encore un peu plus loin, le T-shirt était déjà largement plébiscité par les soldats anglais de la Royal Navy, et ce bien avant 1900… Il est notamment utilisé par ces derniers pour réduire les frottements avec l’uniforme, mais aussi pour des raisons esthétiques. Pas question de négliger sa tenue devant la Reine ! Il n’y a donc pas un T-shirt mais des dizaines de variations qui évoluent en parallèle, depuis la moitié du 19ème siècle. Ce qu’on ne peut pas enlever aux Américains, c’est que ce sont bien eux qui l’ont popularisé, en l’adoptant massivement dans la société civile ».

Les différents types de tee-shirt

guide tee shirt

Le tee-shirt existe sous différentes formes, mais le col rond / manches courtes reste le basique de référence. Citons par exemple les modèles de tee-shirt à rayure couramment appelés marinières, le tee-shirt à manches longues, le henley, le twisté, l’oversize, le long tee, le crop top, le pocket tee, le tie-dye etc. Il sont tous déclinés en col rond, plus ou moins larges, ou en col V. Leur point commun : leur légèreté.

« Le basique à col rond reste de loin le plus vendu. Mais il est intéressant de voir comme les modes et les tendances évoluent. Le col V, très sollicité dans les années 2000 et 2010 est aujourd’hui délaissé. Le T-shirt à poche a fait un gros carton de 2012 à 2016, puis la tendance s’est calmée. Aujourd’hui, le long tee (qui recouvre le fessier jusqu’à mi-cuisse) s’émancipe avec les stars de la télé-réalité et les modeurs d’Instagram. Comme pour tous les vêtements, les modes changent, disparaissent puis reviennent, sous la forme de cycles plus ou moins réguliers. Mais à la différences des autres basiques, le T-shirt a un caractère symptomatique. Il préfigure ce qui va se passer sur le reste du vestiaire ».

Coton, lin, chanvre ou polyester ?

Le tee-shirt se fabrique avec différents types de matières. Le coton et le polyester sont principalement utilisés pour la confection. Le coton respire et reste plutôt stable. Il ne se bouloche pas. Le polyester, un peu moins respirant, offre quant à lui l’avantage de ne pas se froisser. Il permet également l’impression de motifs en « All Over », recouvrant l’intégralité du tissu. Nous y reviendrons…

On trouve aussi les T-shirts en lin qui sont légers, mais ils se froissent vite et le contact avec la peau n’est pas des plus agréables. Amateurs de douceur s’abstenir ! Quant au tricot en chanvre, il est doux et léger, confortable, protège efficacement contre les bactéries, les fongiques et les rayons UV. Avec ses fibres absorbantes, c’est aussi un excellent isolant. Problème, la filière du chanvre, autrefois bien développée, a presque complètement disparu ! Et ce n’est pas la faute aux consommateurs de marijuana. Avec toutes ces matières il est parfois difficile de s’y retrouver, d’autant que de nombreux modèles se composent de plusieurs fibres. Pour faire son choix, écoutons ce que nous disent les experts de Grafitee :

« Le coton est indéniablement le meilleur rapport qualité / confort / prix, à condition qu’il soit bien né, mais aussi bien fini. La Rolls, c’est le coton pima, qu’on appelle à juste titre la soie des Andes. Avec ses longues fibres, il est particulièrement doux et résistant. Combiné à un brossage carbone pour un effet peau de pêche, on obtient le produit ultime. Bien sûr, il faut également prendre en compte les autres aspects : qualité de la coupe, des coutures et du col et bien sûr densité. 180 gr/m2 est sans doute le meilleur compromis en terme de souplesse et de tenue ».

On pend note !

Les techniques d’impression

couleur

Contrairement aux autres vêtements, le T-shirt est un formidable canvas. Une toile ambulante qui ne demande qu’à être exposée. Les principales techniques d’impression sont la sérigraphie, le flex, le flocage, l’impression numérique directe (ou DTG pour « Direct To Gament ») et la sublimation. Difficile d’y voir clair quand on est pas familier. Revenons donc un instant sur les avantages et inconvénients de ces différents procédés…

La sérigraphie est la plus vieille des techniques mais aussi la plus populaire. Elle a l’avantage de donner des résultats durables avec des couleurs vives et un excellent contraste. Mais sa production demande beaucoup de temps. Et si elle n’est pas parfaitement réalisée, la peinture a tendance à craquer dans le temps.

Le flex et le flocage donnent de bons résultats avec des couleurs vives et profitent d’un fort pouvoir couvrant. Mais ils se dégradent facilement et certaines couleurs sont irréalisables. L’impression numérique directe et l’impression par sublimation sont très résistantes et donnent des couleurs très vives. Par contre, l’usage de ces deux techniques peut donner au tee-shirt une odeur acide qui disparait cependant avec le temps. Autre problème : les contrastes s’estompent au fur et à mesure des lavages. Ce qui est décevant quand on aime porter un T-shirt souvent… et longtemps.

Comme le rappelle Romain, l’impression parfaite n’existe pas :

« Tout dépend de ce qu’on souhaite faire, des quantités à produire, des délais et des budgets. Les puristes ne jurent que par la sérigraphie, qui offre encore les meilleurs rendus. Mais le DTG (l’impression numérique) ne cesse de progresser. Et il faut bien avouer que pour des petites séries, c’est bien plus pratique. Là ou la sérigraphie impose un travail préparatoire conséquent (cadres, insolation, induction, décapage…) en numérique, il suffit d’appuyer sur un bouton ».

Le tee-shirt de nos jours

Si à l’origine, le T-shirt est un sous-vêtement pour hommes, il connaîtra une évolution fulgurante dans les années 90. Comme son cousin le jean, avec lequel il partage beaucoup de points communs, il finira par habiller toutes les strates de la société, dans le monde entier. Hommes, femmes, enfants, ouvriers, cadres, étudiants (…). A tel point que c’est aujourd’hui l’un des vêtements le plus consommé au monde avec le jean et loin devant tous les autres concurrents. De sous-vêtement, il est devenu vêtement du dessus, notamment quand il fait chaud. Un vêtement à part entière, que rien ne semble arrêter…

A l’heure de la mondialisation

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Dans les années 80/90, le commerce international s’emballe. Et le T-shirt aussi. Suivant le rythme effréné de la mondialisation, il se généralise dans toutes les tribus et toutes les sociétés. Inde, Asie, Afrique… aucun continent n’échappe à sa suprématie. C’est dans ces années que le T-shirt devient un bien de consommation courant. On ne se contente plus d’en avoir 2 ou 3, mais plusieurs dizaines. Un phénomène qu’on observera quelques années plus tard pour les jeans, puis pour les baskets…

Pour assurer un tel essor, il faut une usine gigantesque et des prix accessibles. Et ce sont les pays à bas coût (la Chine, puis le Vietnam ou le Bangladesh) qui vont s’y coller. Ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes, dont on mesure l’ampleur depuis quelques années seulement.

« Drames humains, aberrations écologiques, fast-fashion (…) comme d’autres vêtements, le T-shirt fait beaucoup de mal à la planète. Quand on achète un T-shirt à 3€, on est très loin du véritable coût ! Et tout le monde commence à prendre conscience que ce qu’on économise à l’achat, on le paie très cher sur le plan environnemental et que ça ne va pas pouvoir durer ».

Du coup, de nombreuses marques viellent désormais à privilégier du coton éthique, biologique, voire recyclé. Et à encadrer la manière dont la main d’oeuvre est employée. Image oblige. De nombreuses initiatives militent également en faveur des circuits courts et pour une production locale. Le « made in pas loin » a le vent en poupe. Comble de l’ironie : les industries textiles qu’on pensait définitivement perdues – notamment en Europe – commencent lentement à se revitaliser. Notre cher T-shirt deviendrait-il propre ? C’est tout ce qu’on lui souhaite…

Internet change la donne

L’autre grande évolution du T-shirt est lié à une Révolution : Internet. Une vitrine mondiale qui fait du T-shirt un vêtement universel, à la porté de tous. C’est d’ailleurs le premier vêtement à avoir été commercialisé sur le Web, bien avant les autres textiles et les chaussures. Dans la foulée, les premiers shops participatifs sont apparus : Threadless aux Etats-Unis ou LaFraise en France. Non seulement les consommateurs pouvaient y acheter des cetnaines de T-shirts graphiques, mais ils contribuaient directement à élire les modèles proposés par les artistes, sous la forme de concours permanents. Le T-shirt 2.0 était né.

Quelques années plus tard, les marques, les offres et les concepts se multiplient,grâce au développement des CMS (Shopify, PrestaShop, Big Cartel) et de l’impression numérique, qui rend possible la production de petites séries et la fabrication en flux tendu. L’offre et les catalogues deviennent alors pharaoniques.

« On ne compte même plus le nombre de marques, de concepts et de e-shops dans le monde. En 2010, c’était quelques centaines. En 2020, ce sera plusieurs milliers. Car avec un peu de temps et des connaissances assez basiques, n’importe qui peut aujourd’hui monter et distribuer sa marque, avec l’appui des réseaux sociaux » affirme Romain de Grafitee.

En parallèle, des nombreuses plateformes exploitent un nouveau filon particulièrement juteux : la personnalisation. Chaque internaute peut désormais choisir les motifs à imprimer, voire les créer. Et recevoir son T-shirt personnalisé en quelques jours seulement. Idéal pour un cadeau, même si le mauvais goût est souvent au rendez-vous.

Quand l’art s’en mêle

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Si le T-shirt « graphique » se trouve sur le devant de la scène, c’est grâce aux nombreux créatifs que ce support passionne. A l’origine, seuls les illustrateurs se penchaient sur le sujet. Mais Internet et la démocratisation des logiciels DAO ont là aussi changé la donne. Désormais, tout le monde s’y donne à coeur joie : graphistes, photographes, designers, tatoueurs, typographes ou simples amateurs. Un activité rarement rémunératrice, mais terriblement passionnante. Voir son T-shirt porté dans la rue est une expérience grisante. Les créations ne sont plus cantonnées aux musées. Elles déambulent sur nos torses (ou nos poitrines), à la télé et dans la rue.

Plus les créateurs s’en mêlent, plus les tendances se multiplient. Les styles sont dorénavant infinis : geek, punk, rock, kawaii, gamer, hip-hop, arty, (…). Des centaines de nouveaux modèles apparaissent chaque jour sur la toile, pour le grand bonheur amateurs de T-shirts originaux et branchés. Une surenchère qui ne trouve aucune limite, comme en témoigne la vague des T-shirts à message qui ont envahi le paysage depuis quelques années…

T-shirt, messages et pop-culture

Si il y a un phénomène auquel vous n’avez pas pu échapper, ce sont les tee-shirts à message. Drôles, kitsch, ou trash (et souvent les 3 à la fois), il s’affichent sans modération depuis une dizaine d’années. A tel point qu’on frôle franchement la boulimie.

« En soi, les Tee-shirts à message existent depuis très longtemps, notamment aux Etats-Unis ou ils ont rapidement été utilisés lors des élections à des fins politiques. Ce qui est nouveau en revanche, c’est leur sur-représentation. On ne voit plus que ça, et ça vire au grand n’importe quoi. Les messages se répondent les uns aux autres, comme dans une partie de ping-pong et chacun y va de sa petite blague. Aujourd’hui, tout le monde en fait. D’abord parce que c’est très facile à créer. Puis parce que malgré l’overdose, ça se vend encore très bien. D’ailleurs, c’est une tendance particulièrement marquée en France, sans qu’on sache vraiment pourquoi… ».

Exemple emblématique : le T-shirt Jpeux pas j’ai piscine dont le succès ne démord pas. Et ses variations sont infinies (poney, tennis, licorne, apéro…). Dans un autre genre, citons les best-sellers  Poudre de Perlimpinpin créé dans la foulée du buzzword suscité par Emmanuel Macron lors du débat présidentiel.

L’autre grande tendance, là aussi princpalement française, c’est le T-shirt « Pop-Culture ». Le concept ? Des visuels issus de films, de séries télé ou de photos de célébrités. Floqués sans aucune modification ou presque dans un style kitsch parfaitement assumé. Summum du farfelu : les hommes politiques détestés d’hier érigés en icônes. Dans les sondages, Jacques Chirac et René Coty (merci OSS) sont en tête. Personne ne l’aurait parié.

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Bien sûr cette mouvance fait aussi la part belle aux mythes qui façonnent notre culture populaire, légèrement soutenues par d’un zeste de nostalgie : Retour vers le Futur, Dragon Ball, K2000, Barbie, Nicky Larson, Jeanne & Serge, Arnold et Willy… C’est un puit sans fond dans lequel les sources d’inspiration sont infinies. Parfois pour le meilleur et souvent pour le pire ! Vivement que les artistes reprennent le contrôle. Car ça commence à déraper.

Et demain ?

Textiles intelligents, nouvelles matières, recyclage, circuits courts, nouvelles tendances (…), le T-shit est promis à un bel avenir. Non seulement car il est accessible et pratique, mais surtout car il est indémodable. Même si son parcours a été jonché de scandales planétaires et qu’il demeure l’un des textiles les plus polluants au monde, on voit mal encore qui pourrait détrôner ce vêtement emblématique, qui fêtera bientôt ses 150 ans.

A condition bien sûr qu’il sache se ré-inventer et nettoyer les tâches qu’il a laissées. En attendant de voir à quoi le T ressemblera dans 10 ans, on espère que ce dossier vous a plu ! Un grand merci aux équipes de Grafitee, qui ont bien voulu répondre à nos (nombreuses) questions. Et si vous envisagez un petit shopping dans les jours qui viennent, n’hésitez pas à consulter notre petit guide. Ca pourrait bien vous servir.

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