La revoilà, cette fashion week géante sponsorisée par Mercedes ! Avec une saveur particulière : c’est la dernière fois que les hommes défileront au milieu des femmes, puisque la création d’une fashion week new-yorkaise dédiée à la mode masculine a été annoncée en fin d’année dernière.
En terme de timing, elle surviendra pour la première fois au mois de Juillet prochain, c’est à dire après Londres, Milan et Paris. Pour l’anecdote, certaines critiques (abusives, clairement) insinuaient que les créateurs américains attendaient de voir ce qu’il y avait sur les podiums européens pour copier.
Si nous sommes tous ravis (et moi le premier) de ne plus avoir à aller chercher les silhouettes masculines au milieu des centaines de shows planifiés outre atlantique, il serait utopiste, aujourd’hui, de parier sur la pertinence et la durabilité de cette fashion week. Evidemment, pour les marques noyées dans le planning de la mode féminine à New York, c’est une aubaine ! Tommy Hilfiger, Public School, Tim Coppens & co, voilà l’opportunité d’une visibilité facilitée.
Are you sure ? … La première “New York Fashion Week: Men’s” (c’est son nom) se déroulera après la couture de juillet. Qui seront les journalistes assez courageux (et financés) pour se faire un petit trip à New York en pleine période estivale ? Niveau visibilité et attractivité, la Côte d’Azur fera surement mieux via instagram ! Même problème de timing pour l’hiver prochain : la fashion week sera posée juste après la couture et avant le PAP femme. Si l’on considère que certains grands rédacteurs couvrent toutes les fashion weeks, cela impliquera quasiment trois mois à courir les défilés ! Déjà, sur 5 jours cela se révèle assez fatiguant, mais un dizaine de semaines à ingurgiter des dizaines de milliers de silhouettes pour en rendre compte par la suite : c’est à risquer le fashion burn out et à tomber de fatigue en plein défilé !
Enfin, quelques critiques ont aussi été émises quant à l’avenir des défilés, sombre à en croire certains déjà en train d’imaginer ce que sera le futur des fashion shows… Est-ce pertinent de rajouter des défilés alors même que l’on se pose la question d’une nouvelle forme de présentation ? Pour moi, cette question n’a pas lieu d’être. Evidemment, c’est un point de vue personnel, mais je pense qu’il n’existe pas de meilleur moment dans la mode que le défilé, permettant de créer tout un univers autour du vêtement et ainsi de conditionner l’auditoire dans sa perception d’une collection.
Entendons-nous bien : Prada a beau crééer des ambiances exceptionnelles, cela n’empêche pas de se rendre compte que sorti de la scénographie, les vêtements perdent énormément de leur intérêt. En revanche, quand Alexander McQueen explorait les morphologies animales, la musique et les podiums incroyables venaient sublimer et remettre dans un contexte cohérent des pièces déjà exceptionnelles. Donc si les présentations, les lookbooks 3D et tout ce genre de gadgets constituent un bon complément aux défilés, je ne crois pas que l’on puisse se passer de ce moment privilégié entre un créateur et son public !
Je vous laisserai vous faire votre propre avis sur la question, dont nous connaitrons assez rapidement la réponse de toute façon…
Mais revenons à l’essentiel : la mode, la mode, la mode. Paris a signé une fashion week macabre, enfoncée dans un sombre deuil ayant imposé massivement le noir. New York offre une cure de vitamine grâce à une mode plus optimiste : couleurs vives, matières légères, imprimés rafraîchissants… La naïveté de certains new-yorkais rappelle que la mode ne devrait pas être trop calquée sur une réalité morose.
Billy Reid
Une oasis de fraicheur et de luxe au milieu de cette mass fashion week. Je vous avais déjà parlé de Billy Reid la saison dernière ici même, louant l’authenticité de cette marque.
La recette du succès Billy Reid n’a pas changé, incluant une nouvelle fois pléthore de matières naturelles et rustiques : les pulls mettent à l’honneur une certaine nonchalance incarnée par des coupes volontairement imprécises, à l’image de premier modèle au col roulé à la texture boulochée. Le dernier pull est beaucoup plus net, porté sur un pantalon absolument somptueux ! Le motif batik (généralement rangé dans le terme fourre tout de “motif africain”) trouve parfaitement sa place dans cette tenue aussi élégante que puissante. Il est rare que ce genre de motifs soit utilisé avec une telle pertinence…
Evidemment nous ne serions pas en hiver sans manteau ! Le cuir s’invite sans retenue dans la confection de ces pièces “outerwear”, déballant toutes les nuances de sa texture peau de pêche. S’il est plutôt connoté saison estivale, le suédé – et autres cuirs velours – apporte une douceur bien agréable dans ce grand froid. Une pièce multi matière alterne texture lisse de la peau plongée, aspect velouté d’un nubuck et chaleur soyeuse d’une fourrure d’agneau. Une proposition intéressante, quoique le simple pardessus cognac double face semble bien plus facile à porter au quotidien. Terminons par la cape : il ne s’agit que d’un immense tricot porté sur les épaules, mais surveillez de près ce genre de look… La cape pourrait bien être prochainement amenée à devenir une vraie vedette des penderies !
L’inspiration à noter dans un coin : les cuirs velours, même en hiver !
Hood By Hair
Son nom ne vous est probablement pas étrangé : le label américain a connu un succès fulgurant en quelques mois, créant la surprise autour d’une mode tribale et urbaine.
Mais autant être honnête : l’effet de surprise est passé, et il devient difficile de retrouver la ferveur des premiers shows. Les chemises/blouses en plissé auguraient quelque chose de nouveau, plus délicat que les autres saisons… Désillusion ! Les pantalons massifs et gros logos reprennent toute la place rapidement, et avec eux la monotonie certaine d’une griffe déjà à bout de souffle. Il faudra dépareiller certaines pièces pour en faire ressortir l’essence intéressante, à l’image de ce pull pas fou, mais tout de même joli !
Impossible, à la vue de ces silhouettes, de ne pas s’interroger sur une étrange impression de déjà vu… Le nom que vous cherchez est celui de Rick Owens. Robe tuyau fendue jusqu’à l’aine, doudoune asymétrique sans pantalon et jupe en nylon, le tout dans une ambiance dark et androgyne : mais c’est bien sûr le combo préféré du designer parisien ! Maintenant la question est de savoir jusqu’à quel niveau de médiocrité s’est enfoncé Shayne Oliver pour aller copier un créateur n’ayant rien trouvé de mieux que d’exhiber les entre jambes totalement nus de pauvres mannequins faméliques pour faire le buzz.
L’inspiration à éviter à tout prix : porter une robe moulante et fendue. Mais ça, vous le saviez déjà right?
Ralph Lauren’s
Il a réussi à rendre désirable des polos fabrication outlet affublés d’un énorme poney sur la poitrine. Ce Ralph… Heureusement, il lui arrive de proposer des choses bien plus intéressantes, même s’il faudra toujours être vigilants sur la fabrication…
Purple Label
La ligne Purple est le haut de la pyramide Lauren, complètement anecdotique mais pourtant assez intéressante pour son côté dandy british (même si RL est bien américain) chic. La combinaison smoking mérite le détour : c’est bien la première fois que ce genre de pièce s’inspire directement d’éléments aussi formels du vestiaire masculin ! Si le smoking en jacquard est également bien sympathique, on préfèrera s’attarder sur le manteau en cuir double face, l’une en agneau plongé et l’autre en suédé. Un cintrage plus prononcé aurait été le bienvenu, mais il y a de quoi faire sensation malgré tout !
Polo
La seconde ligne Polo est le parangon du style preppy depuis toujours… Et finalement le port de couleurs fraiches et fortes semble facile dans cette configuration cargo/pull torsadé. Le gros avantage, en plus d’égayer l’hiver autour de vous, c’est que le classicisme des coupes rend le vêtement intemporel et portable toute l’année, été comme hiver. Bon par contre, le tartan multicolore et le pantalon à franges, no way. Et si on pouvait faire sans les têtes à claques, ce serait parfait.
L’inspiration à noter dans un coin : le style rétro un brin aristo aux notes acidulées.
Telfar
C’est la première fois que j’entends parler de ce jeune designer pourtant encensé par la critique, certains allant jusqu’à dresser un parallèle avec de l’art concernant une collection pourtant très commerciale – ce sont les mots de Telfar lui même.
Il y a de très bonnes idées, à commencer par le travail de pièces bi matières. Certains pantalons ou certaines vestes sont structurés par des applications contrastantes. La belle intensité d’un blouson en cuir est rompue par un col et des manches en denim plus clair. Même idée pour le jean, alternant entre cuir, denim et flanelle. Cela fonctionne bien, même si ce n’est pas transcendant et que Versace ou Givenchy ont déjà maintes fois proposé ce type de conception. Les t shirts à manches longues unis ou à emmanchure raglan, par leur simplicité, commencent à inquiéter… C’est un peu trop basique non ? Si ? Non ?
Puis finalement, au bout de quelques minutes, on s’ennuie, tout simplement. Le ballet des mannequins décline à l’infini les montages bi-matières, la couleur étant la seule variante d’un modèle à l’autre. Vient ensuite la désagréable impression d’être dupé. Organiser un défilé doit avoir un sens, et nécessite de proposer quelque chose à son audience. En l’espèce il y a de l’idée, mais une simple présentation aurait LARGEMENT SUFFI, car il est évident que le créateur s’est essouflé et a été totalement incapable d’assumer la création d’une trentaine de looks, un minimum pour un défilé digne de ce nom. Quand comprendront-ils que le “fashion show” n’est pas une fin en soi ?
L’inspiration à noter dans un coin (malgré tout) : la construction bi matière par application de pièces texturées (cuir…).
Robert Geller
Les rayures bagnardes sont encore bien présentes, passant sur une même tenue de l’horizontale à la verticale. Mais à la rigueur, ça n’est qu’un détail par comparaison aux couleurs dont l’intensité éclipse tout le reste. A commencer par ce bleu que je suis incapable de qualifier malgré mes recherches : ce n’est pas du canard, ni du céleste, ni du nuit, ni du pétrole ! Il se situe au carrefour de toutes ces nuances, et finalement le mystère amplifie encore l’immense pouvoir d’attraction de cette superbe couleur. Le rouge capucine réchauffe l’ambiance de sa nitescence.
La tonalité redescend rapidement vers une palette plus neutre à base de gris béton, de taupe et d’un blanc ivoire presque mondains. Un premier costume est porté sur un T shirt à col danseuse étonnant, alors que le manteau au col fourré ou le bomber bi matière affirment un caractère plus sport. Il y a malgré tout un dénominateur commun : le pantalon. Taillé selon l’esprit d’un pantalon carotte, il offre un léger flottement en haut pour se rapprocher de la jambe, abruptement coupée au dessus de la cheville. Autant vous dire qu’il va falloir assurer niveau chaussettes pour porter cela, les bas noirs n’étant ici pas du tout convaincants.
L’inspiration à noter dans un coin : l’intégration d’une couleur très forte dans une tenue hivernale.
Tim Coppens
L’histoire d’un belge à New York… Un vrai roman de sciences fiction qui se respecte, mêlant une poésie suggérée à la rigueur caricaturale d’inspirations futuristes.
Les couleurs font beaucoup, l’une d’entre elles en particulier : ce vert émeraude à l’étrange lueur vespérale. Ce sweat noir appliqué de faux cuir et de manchettes, cette large ceinture satinée proche de celle d’un smoking et ce pantalon teinté de ce vert unique composent un look purement, simplement beau. Il y a quelque chose d’innocent et de fragile dans cette précieuse composition… le paradoxe entre la relative simplicité de cette tenue et l’émotion qu’elle suscite m’apparaît troublant ! Le manteau vert aux épaules parées de cuir et fermé d’une sangle est tout aussi surprenant, incarnant à lui seul l’esprit construit et carré de la collection. Une précision quasi chirurgicale, le parallèle étant facilité par la pureté des lignes.
Puis aussi brutalement qu’ils sont venus, les looks smaragdins s’évanouissent au profit de silhouettes moins racées. Un bomber bi matière joue de la dualité entre l’aspect mât du cuir et la brillance d’une fourrure rasée, effet repris sur une veste varsity en feutre noir et cuir camel. Gros travail sur les pantalons, structurés par de nombreux zips à la brillance métallique bien heureuse au milieu de teintes foncées. Un superbe travail, méticuleux et cérébral : une oasis au milieu du désert de la mass fashion américaine…
L’inspiration à noter dans un coin : le vert ! Mais il faudra sans doute piocher directement dans les produits Coppens pour retrouver une nuance similaire…
Kanye West X Adidas
Donc voilà le résultat d’une collaboration tant attendue, THE BIG ISSUE de la fashion week, l’oeuvre de Kanye Superstar. Retenez votre souffle…
…Et expirez immédiatement, car autant le dire tout de suite : c’est absolument nul. Sweats oversizés, joggings côtelés à la cheville et rangers fadement inspirées de Ben Simon : rien, pas un fil ne mérite d’être vu. Non seulement ça n’est pas beau, mais en plus ce n’est même pas nouveau ! D’ailleurs les mannequins ne s’y trompent pas : leurs mines déconfites font peine à voir. En même temps, vu les goûts de West en matière de femmes, tout le monde aurait dû anticiper un sens de l’esthétisme complètement bancal.
Cela me semble honteux au plus au point de proposer un tas de débris pareil : messieurs, on se fout royalement de notre gueule. Ce cher Kanye a peut être quelques ressources lorsqu’il s’agit de musique, mais en matière de mode il est juste clair qu’il n’a absolument aucune once de talent. En fait, ça serait super cool d’arrêter de polluer le planning de la fashion week avec des fringues immondes et pathétiques… Non, vraiment, qu’il retourne faire le gangsta chez Lanvin en se pavanant dans sa fourrure.
L’inspiration à noter dans un coin : c’est une plaisanterie ?
N. Hollywood
Même en se rattachant à un univers artistique mêlant sportwear et streetwear, certains parviennent à dessiner un vestiaire à la rigueur quasi militaire.
Proposer du cuir blanc comporte un certain nombre de risques, le premier étant de dénaturer la matière en l’éloignant radicalement de sa teinte naturelle. Pourtant, la pureté du blanc optique choisi pour confectionner ce blouson au col fermé par deux boucles inspire un minimalisme quasi médical. D’ailleurs, ce dernier manteau blanc n’a-t-il pas des allures de blouse ? Et l’absence de col sur ce douillet manteau en peau retournée valorise un col roulé (grosse tendance sur les différentes fashion weeks) de manière sculpturale. Ce genre de contraste entre une carrure massive et un col roulé légèrement plissé est tout à fait remarquable.
Puis soudainement, le minimalisme suggéré est bousculé pour une multitude de motifs imposants. L’imprimé kaléidoscope un peu psyché du manteau et du sweat porté l’un sur l’autre se marie savamment avec un pantalon bleu nuit profond, tandis qu’un pull aux figures géométriques apporte un peu de rigueur à un pantalon en velours très casual. Sur le papier, cette dose massive de rayures chaudes auraient pu faire fuir, mais force est de constater que l’assemblage avec un pantalon en feutrine mouchetée fonctionne parfaitement. Les combinaisons de textures, motifs et coupes sont admirables sur toute la collection !
L’inspiration à noter dans un coin : soit l’audace de l’imprimé un peu psyché sur deux pièces en haut, soit au contraire le manteau/blouson d’une intense couleur immaculée.
Duckie Brown
S’amusant des frontières entre genre masculin et féminin, les deux créateurs à la tête de Duckie Brown font preuve, une nouvelle fois, d’un sens certain du style androgyne.
On pourrait s’étonner de voir que la soie, même dans un rose poudré, donne envie… Ces chemises ultra légères, trop transparentes en revanche, inspire un luxueux confort tout en s’accommodant parfaitement de pantalons loose en toile noire et de sneakers blanches. Mais surtout, elles donnent l’impression d’être en plein été à voir de quelle manière elles dévoilent les torses ! L’injection d’une touche de décontraction estivale est plaisante.
Le satin de soie va aussi servir de ses reflets somptueux un bomber aux volumes exagérés : les emmanchures tombent largement sur les avant bras. L’effet pyjama est risqué… On le retrouve d’ailleurs avec ce sweat à capuche satiné lui aussi, mais l’idée est novatrice ! Par contre, tollé pour ce manteau long, pour le coup victime de la brillance de la soie. La conception ne semble pas parfaite, et l’assemblage fait que la matière contre tire légèrement à certains endroits, mis en avant par les reflets de la matière qui ne pardonne pas l’approximation ! Mais dans l’ensemble, l’esprit bohème et dans le même temps urbain de la collection rafraichi !
L’inspiration à noter dans un coin : l’intégration de pièces confectionnées à partir de matières très fluides dans une tenue autrement plus simple.
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