Aujourd’hui, nous avons décidé de vous parler d’une pièce du vestiaire masculin délaissée par les blogs de mode homme. Une pièce estivale par essence, sportswear à ses origines : le polo. Le polo est à mi-chemin entre le tee-shirt – la pièce la plus basique au monde – et la chemise –  plus sophistiquée. Le maillot de sport revient aujourd’hui sur le devant de la scène, revisité par des créateurs avides de réutiliser les codes classiques à leur compte. Qu’est-ce qu’un bon polo ? Quelles marques privilégier ? C’est parti Marcel.

Pour la petite histoire

Avant de commencer, il faut signaler que le polo est une pièce particulièrement connotée. Il vous faudra donc faire très attention à la marque, au design choisi, mais aussi et surtout à votre manière de le porter. Cela ne signifie pas qu’il faut vous interdire de porter le polo, mais qu’il faudra le faire avec discernement.

Les origines du polo restent floues. Les premiers dateraient du 19ème siècle et de l’occupation britannique en Inde (oui, comme le chino !) et seraient liés à la pratique intensive de ce sport.

polo-inde

Je préfère encore ne pas commenter cette photo. Source : expresslook.fr – equineart.in

Une autre version explique que René Lacoste, tennisman du 20ème siècle, en aurait eu assez de jouer dans des tenues inconfortables et peu pratiques (chemises à manches longues) et aurait ainsi créé le polo, plus pratique que la chemise, et plus respirant également, notamment grâce à l’utilisation de coton piqué. Le premier polo, ainsi que la marque Lacoste, date du début des années 1930.

Ralph Lauren, symbole du style preppy, l’a baptisé – grâce au logo de la marque – et popularisé dans les années 1970.

Le polo grand public

Comme je l’ai déjà mentionné, le polo véhicule grand nombre de clichés et d’idées toutes faites. Le logo crocodile fut adopté dans les années 2000 par une catégorie sociale pauvre et habitant les banlieues de grande ville. Il est devenu un symbole “socialement dégradé”. À l’inverse, le polo est également porté dans un style preppy chez nos amis anglo-saxons. Et nous, que peut-on en faire ?

Le polo grand public est accessible à tous, on le retrouve chez toutes les marques menswear grand public, dans une gamme de prix très large, pour un rapport qualité/prix assez mauvais en général (quoique le secteur du prêt-à-porter grand public améliore sensiblement sa qualité de confection depuis quelques temps).

Celio

On peut être souriant et mal fagoté – Célio, aux alentours de 30 euros. Ne reproduisez pas cela chez vous.

Comme pour les tee-shirts et chemises, respectez les règles basiques de taille – couture aux épaules, cintrage, longueur des manches – et faites attention aux détails qui font mal :

  • Un polo trop grand en dessous de la ceinture n’est pas élégant.
  • Less is more : exit les codes à chiffres qui n’ont aucune signification, les mélanges de couleurs non harmonieux.
  • Attention au col : il ne doit pas être trop mou. Les pointes risquent de “rebiquer” dans le cas contraire.
  • Le polo doit parfaitement vous fitter, et c’est tout. Si vous ressentez/observez un effet “parachute” c’est que le polo est trop grand ou non adapté à votre morphologie.

polo ralph lauren

Sisi BG du 7-5. Ralph Lauren, 85 euros

La tentation est grande de vous tourner vers les marques classiques“, que tout le monde connaît, peu ou prou. Personnellement, je vous le déconseille. Chez Ralph Lauren ou Fred Perry, la qualité sera supérieure aux marques mainstream type Celio ou Jules, mais le rapport/qualité prix reste biaisé. Vous vous en sortirez avec un polo payé beaucoup trop cher pour ce qu’il est. Vous aurez une image de kéké des rues qui ne collera pas forcément à ce que vous vouliez au départ. Votre style sera fade, passe-partout, connoté. Un logo que l’on voit trop – vous n’êtes pas un panneau publicitaire ! – un col auquel on ne ferait pas confiance, des épaules tombantes, un polo qui tombe trop bas sous la ceinture : c’est tout ce que vous obtiendrez, la preuve en photo.

Le polo “petit public”

C’est le polo revisité par des créateurs ou des marques encore confidentielles et généralement parisiennes. J’appelle “petit public”, par opposition au “grand public”, ces consommateurs qui mettent un soin particulier à acheter des pièces qui ont un vrai plus, en terme de design et/ou de confection. Un public de connaisseurs qui achète avec discernement et tente de ne pas tomber dans la facilité.

polo sebastien blondin

Polo col officier sebastien blondin – 170 euros

Smelinda gloss coton gazé fabriqué en italieidney vous l’a présenté il y a quelques mois, Sébastien Blondin revisite les classiques du vestiaire masculin à sa façon. Ici, un polo à col officier sans bouton, très original et caractéristique du travail du styliste. Pour ma part, j’aime particulièrement le travail des lignes horizontales, presque géométrique, qui donne à la fois une pièce épurée et forte, personnelle.

melinda gloss coton gazé fabriqué en italie

 Polo melinda gloss coton gazé

 Polo bleu gris Melinda Gloss – 190 euros

Un polo en coton gazé, au relief particulier. On note un joli col, qui a l’air solide et parfait en terme de rigidité et d’épaisseur. Le mannequin est malheureusement trop fin pour le polo qui flotte un peu. Notons néanmoins le tombé impeccable à la taille et les manches qui ne baillent pas. Après ce très rapide tours d’horizon nous-vient une question ravissante : où et comment puis-je trouver un polo acceptable à moins de 150 euros ? Et j’ai une ravissante réponse à vous offrir.

Max rosse

J’ai rencontré Maxime Rousseau – le fondateur et PDG de la marque – et Guillaume Diagne-Morice – le styliste – lors du salon du golf : par curiosité surtout, et parce que l’identité visuelle de leur produit m’interpellait.

Maxime Rousseau a créé sa marque à partir d’une idée simple : confectionner un polo de qualité prenant en compte les nécessités du sport et des tendances modes du moment. Un vêtement à la fois urbain et sportswear. L’univers de la marque est directement lié au monde du golf – sa passion –  dans lequel Maxime évolue depuis longtemps.

Dans les années 1950, les golfeurs s’habillaient de manière particulièrement élégante pour le golf, et c’est dans cet esprit vintage que Maxime et Guillaume ont directement puisé leur inspiration. Ils ont ainsi pu réinterpréter les codes de l’époque à leur manière, leur donnant un twist, une touche contemporaine certaine.

Max Rosse a pour clientèle cible les 25 – 40 ans, golfeurs ou non, urbaine et soucieuse d’un style soigné et décontracté. Le credo de la marque : Le Polo de ville pour homme chic et désinvolte. Inspiré par la classe des premiers gentlemen du golf.

Le polo Arnie

La première collection Max Rosse date de l’année dernière et rend hommage à un champion de golf, Arnold Palmer, qui a popularisé le golf dans les années 1950 et a amené les médias à s’intéresser à ce sport, plus élitiste à l’époque. Maxime Rousseau le décrit comme “un croisement de Sean Connery et de Cary Grant.”

Arnold Palmer

À gauche, Jack Nicklaus, à droite,  Arnold Palmer. Source : le magazine LIFE.

Le polo est 100% Made in France. Le piqué de coton est tissé à Troyes, dans l’Aube, territoire reconnu pour la qualité de son savoir-faire en la matière. Le polo quant à lui est confectionné dans le bassin roannais, dans le Loire.

Le test

Quatre couleurs sont proposées à la vente : bleu patriot/doublure colvert, rouge framboise/doublure anthracite, blanc crème/doublure prune, gris brindille/doublure citron.
P1000524Pour ce test, j’ai choisi un polo blanc crème et doublure prune : c’est la couleur qui m’attirait le plus lorsque j’ai rencontré puis discuté avec les créateurs de la marque, et c’est le modèle que j’ai essayé.
Un appel visuel fort
Le styliste m’a confié avoir trouvé l’idée du col rond dans de vieux patrons de chemises, et c’est pour moi ce qui signe indubitablement l’originalité du polo. Ce col rond est original et très bien incorporé au polo.

polo arnie col

Ouh le gentil garçon ! Le coton  tissé en nid d’abeille permet de laisser la peau respirer. Pratique pour le sport.

Vraiment, ce col change de ce que l’on voit d’habitude, pour autant il reste très facile à porter et intéressant en terme de rendu. Un bon point !
Autre détail important : pas de logo apparent sur le polo ! Un choix que j’apprécie particulièrement, et qui peut parfois déboussoler les clients qui ont pris l’habitude d’afficher leur marque fétiche en gros sur leur poitrine. Pour ma part, je trouve que c’est une excellente idée. Plus c’est épuré, mieux c’est.

Polo Arnie vue de trois quart

Le hipster qui est en moi adore porter ce polo en mode air tie, c’est à dire en boutonnant le polo jusqu’en haut, sans cravate ni noeud papillon. Un usage que je dois à Sidney et à sa chemise Melinda Gloss.

Rien de particulier à dire sur la coupe : elle me fit très bien. Je suis assez costaud, et je remplis bien le polo. Tout est nickel aux coutures et il tombe très bien : ni trop haut, ni trop bas. C’est un point qui a été également très étudié par Maxime et Guillaume, pour qui les polos trop longs représentaient une horreur stylistique.

Polo arnie dos

Polo arnie dos
détail pate de serrage

Le système de serrage sur les côtés : discret mais efficace.

Comme je l’ai déjà mentionné, la marque s’inspire directement de l’univers du golf. Et ce sport nécessite un basculement du buste particulier. Pour adapter le polo à cette contrainte, on a intégré un système de pattes de serrage, qui permet au polo de pivoter autour du buste naturellement lors du swing. Encore un détail technique intéressant et bien pensé.

De derrière polo arnie

En mode kéké des plages

Caractéristique du polo dès son origine, le pied de col permet une allure plus virile et une protection du cou contre le soleil.
Polo arnie dos

Comment porter le polo ?

Le polo est un basique, c’est donc une pièce polyvalente et facile à utiliser au quotidien. Maxime le porte principalement avec un jeans brut, et c’est un très bon choix. Pour ma part, je trouve le contraste de couleur un peu trop élevé – c’est un goût personnel – et je préfère le porter dans un style preppy assumé, avec un chino beige et des chaussures de ville casual. Dans tous les cas, vous pouvez le porter avec un ou deux boutons fermés, sans accessoire.
Plus casual chic, la version nœud papillon permet de relever la tenue et de lui conférer un peu plus de personnalité. Notez que le blanc cassé n’est pas banal ni ennuyeux.

Vue d'ensemble polo

Dans un esprit plus casual chic. C’était facile, alors je l’ai fait : le rappel entre la doublure et le noeud papillon dans des teintes similaires.

Un dernier détail intéressant : les manches s’arrêtent à mi-biceps (la longueur idéale) et ne baillent pas. En effet, grâce à un système de pinces, les manches sont resserrées autour des bras, pour plus de confort et d’élégance là aussi.
Après une première journée d’utilisation, j’ai senti que le polo s’était bien détendu. En effet, il est plutôt serré au départ. Ce n’est pas inconfortable, loin de là, mais on se sent vraiment porter une pièce bien cintrée. C’est une impression qui s’estompe après quelques heures de port. Après un premier lavage – 30°, pas de sèche-linge bien entendu – le polo reprend sa forme normale. Pas de délavage (oui, il est blanc, certes, mais la doublure n’a pas délavé non plus !) ni de surprise de taille.

Vue plongée polo arnie

Chaussures Black Dandy modèle Rastignac
Chino Dockers
Polo Max Rosse
Veste en jean Surface to Air
Noeud papillon vintage

C’est notre credo sur Bw-Yw et c’est important de le rappeler régulièrement : amusez-vous ! Ne restez pas cantonnés au style pour lequel les pièces ont été confectionnées, vous devez être l’acteur de votre propre style. Détournez les vêtements, ajoutez votre touche, faites en sorte qu’ils correspondent à votre humeur du moment. La veste en jeans est très rarement portée fermée, c’est un usage un peu moins confortable, pour une pièce assez rigide et difficile à boutonner. Mais cela ne veut pas dire que c’est strictement interdit. Le boutonnage du quatrième bouton – en partant du bas – induit une très légère dissymétrie et une décontraction toute bienvenue.

Polo veste en jeans

Pour aller golfer ou partir en soirée, une tenue quasiment unique.

Cette veste en jean, vous la connaissez bien et c’est normal, je l’utilise beaucoup. Je la trouve très chouette. Sur cette photo, j’adore le contraste de la veste très casual, workwear et de l’ensemble polo+noeud papillon. Le rendu est intéressant et original.
Conclusion 
Le polo fait clairement partie de ces pièces du vestiaire masculin qu’on approche assez peu, et souvent avec une certaine crainte stylistique. Je me suis clairement rabiboché avec ce vêtement, réinterprété de manière unique par Max Rosse. Ce polo a un prix – 90 euros – qui peut paraître conséquent, mais il sera largement amorti par les années de port. En effet, les créateurs de la marque me l’ont assuré, ce polo est fait pour durer. Comme un vieux jeans, votre polo se patinera et s’adaptera à votre morphologie avec le temps. Un vêtement personnel et original … C’est tout ce qu’on aime !

Retrouvez Max Rosse sur facebook ou sur le site internet.

Adrien, gentleman du green.

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