En 2011, Régis Pennel a créé un e-shop à la ligne directrice particulière : la valorisation des jeunes créateurs français, qui s’exportent facilement à l’international mais beaucoup plus difficilement sur le marché français. L’Exception compte aujourd’hui 250 marques et 6000 références, chez l’homme comme chez la femme. Nous nous sommes entretenus avec Régis afin de discuter de son parcours, de son histoire, et de comprendre ce qui faisait la spécificité de son e-shop.
Lorsque Régis a fondé l’Exception il y a plus ou moins trois ans, le marché n’était pas aussi mûr qu’aujourd’hui. Il existait alors très peu boutiques de créateurs, en ligne ou en point physique, et les “bonnes adresses” ne se partageaient qu’entre initiés. En 2011, des marques comme Melinga gloss ou Ami faisaient leurs premiers pas. Aujourd’hui elles ont leurs défilés, et sont de plus en plus reconnus par la presse et le grand public.
Le parcours de Régis
Régis a suivi un cursus en grande école ingénieur, puis il s’est dirigé vers la finance. Ainsi, il a pu entrer à LVMH, entreprise dans laquelle il a travaillé durant cinq ans. À 33 ans et après ces quelques années passées dans l’univers du luxe, Régis décide de créer L’exception. Toutes les marques qui y sont distribuées sont encore aujourd’hui sélectionnées par Régis, pour l’homme tant que pour la femme. Pour lui, il est d’ailleurs bien plus facile de sélectionner les marques et les produits pour femmes, il sait facilement le type de produit qui peut fonctionner ou non, connaissant très bien sa clientèle. À l’inverse, Régis a plus de difficultés pour sélectionner les marques pour hommes, puisqu’il a tendance à choisir des marques ou des produits qui lui plaisent à titre personnel : cela lui a valu de petites déconvenues. En quelque sorte, Régis se doit de prendre du recul et penser à la place de son client type, et non en tant que consommateur final.
Régis note par ailleurs que les produits “forts”, “osés” se vendent bien plus facilement chez la femme que chez l’homme. Les femmes “craquent” plus facilement lors de la phase d’achat, il est donc très facile et très rapide – environ deux semaines – de connaître les best sellers d’une saison. À l’inverse, les basiques, les intemporels font la loi sur le marché du prêt-à-porter masculin. Plus “raisonnables et raisonnés”, les hommes prennent également plus de temps avant d’acheter un produit.
La clientèle de L’Exception
En termes économiques, le chiffre d’affaires de l’Exception provient à 60/70% de la clientèle féminine ; 30% de sa clientèle est parisienne – ce qui nous a semblé relativement peu ; 15 à 20% provient d’expatriés qui connaissent déjà le magasin en ligne.
Le client “type” de l’exception est trentenaire et il débute dans la vie active. Il souhaite prendre soin de son apparence, commencer à investir dans de beaux vêtements durables, pour le travail ou pour le week-end, sans toutefois dépenser un SMIC. Il souhaite également cultiver sa différence, sans trop d’extravagance non plus. Les clients de L’exception ont plutôt des profils de créatifs, sans pour autant être des “modeux”.
La sélection L’Exception
Nous avons discuté avec Régis du fameux concept “made in France”, à la mode ces dernières années. Régis est assez critique sur ce point : il est en effet très difficile de connaître les origines de chaque pièce – matières et confection – lorsqu’une marque possède une grande gamme de produits. Le “made in France” est surtout valable pour les petites marques et petits créateurs mais au delà d’un certain seuil, tout devient bien plus flou. Le concept du “made in” est un problème complexe pour le grand public comme pour les professionnels du secteur.
On sait par exemple que les plus grosses marques produisent en Europe de l’Est – Roumanie et Bulgarie – pour des raisons de coûts évidents. Exception notable avec De Bonne Facture, pour qui le made in France devient un véritable argument de vente et de prix.
Des prix à la mesure du made in France, avec De Bonne Facture.
Se refuser à vendre trop cher : cela rejoint en quelque sorte la philosophie de l’Exception instillée par Régis, qui est de “rendre la création accessible au plus grand nombre“, loin de l’élitisme des grandes maisons de luxe.
D’un autre côté, Régis refuse bien entendu le “made in Bangladesh” type H&M. Chaque produit doit posséder une matière, des finitions plus que correctes, notamment pour le prix. Ce rapport entre qualité et prix du produit est finalement le point central sur lequel Régis travaille particulièrement. C’est ce qui différencie notamment l’Exception de ses concurrents nationaux.
Autre caractéristique de la sélection de l’e-shop : la marque doit avoir plusieurs années d’existence, ou tout du moins avoir cette ambition là. Il n’est pas question pour Régis de travailler sur une ou deux saisons seulement, mais plutôt d’accompagner une marque – un créateur tout le long de son évolution.
De manière globale, sur une sélection de vingt pièces, trois ou quatre de ces pièces doivent être “fortes” (1/4 au total). Le problème avec le fait de ne pas prendre de risque et de sélectionner seulement des basiques, c’est que l’ensemble devienne ennuyeux, terne. Il est donc extrêmement important de trouver un équilibre, dans l’offre, entre les basiques (le bon jean, la bonne chemise, la bonne paire de chaussures) et les pièces qui sortent des sentiers battus.
Ainsi, on sélectionnera plutôt les manteaux chez Sébastien Blondin, ou les tees-shirts et vestes en jeans chez Damir Doma.
L’Exception, aujourd’hui et demain.
Si le magasin l’Exception a été créé sur internet, la boutique physique, située 28 rue Bichat dans le 10ème, n’existe que depuis décembre 2014. La clientèle y est d’ailleurs légèrement différente : la population du quartier, près du canal Saint Martin, est effectivement de plus en plus aisée. C’est l’aura du secteur qui rejaillit sur le magasin. Enfin, l’essayage prévaut et permet au client d’appréhender le produit de manière plus naturelle, plus réelle : c’est une prestation nécessaire, demandée par les clients depuis un long moment.
L’exception s’ouvre aujourd’hui aux objets lifestyle, maison et décoration avec la même ligne directrice que celle qui a guidé Régis et son équipe jusque là : proposer les bons produits au bon rapport qualité/prix.
Une petite sélection Be What You Wear
Nous vous proposons ici une petite sélection de créateurs dont nous n’avons toujours pas parlé, mais qui nous semblent particulièrement intéressants. Nous les avons choisi aussi bien pour leur capacité à nous surprendre, que pour la justesse de leurs matières, de leurs designs.
Surveillez-les de près, vous les verrez peut être à nouveau chez nous d’ici quelques semaines ou mois. Trêve de bavardages, passons aux choses sérieuses.
Silent Damir Doma
Ancien de chez Demeulemeester et Raf Simons, Damir Doma se lance à son compte en 2006 après quelques rencontres fortuites. Son style est décrit comme “poétique” et “intellectuel” et il satisfait de nombreuses célébrités (Robert Pattinson, Lenny Kravitz, Bruce Springsteen etc..)
Blouson Jasan. 370 euros hors soldes, 222 euros aujourd’hui (malheureusement épuisé.)
Parmi les pièces sélectionnées, cette veste en jean est notre petite préférée. Nous vous avons déjà parlé de la manière dont Régis Pennel sélectionnait ses pièces : celle-ci est un basique de la mi-saison qu’on aura aucune peine à porter avec un chino de couleur et des derbys.
Gaspard Yurkievich
Née en 1998, cette maison produit aussi bien pour l’homme que pour la femme ; son créateur, quant à lui, spécialiste des collaborations et du Co-Branding, est issu du célèbre Studio Berçot. Plus sage que son compère juste au dessus, vous y trouverez tout de même des pièces très intéressantes, comme le blouson que vous découvrirez ci-dessous.
Cette pièce propose un mix intéressant entre la veste de tailleur et le blouson de mi-saison. À porter avec des pièces très simples pour la mi-saison. 595 euros sur l’Exception.
Un tee shirt qui fait partie de ces quelques pièces de créateurs plus difficiles à assortir. Ce tee shirt drapé possède un joli tombé. Une pièce qu’il faut toucher à tous prix ! 110 euros sur l’Exception.
Patrons
Lancée à l’initiative du créateur Vincent Schoepfer, PATRONS offre une gamme de coupes de pantalons adaptées à toutes les situations et toutes les morphologies : un chino (le Florian), un carotte (le Z), un skinny (le Vincent), un coupe droite (le John), un pantalon à pinces (le Brad). (Source : l’exception)
Pantalon Florian 145 euros hors soldes, 80 euros en soldes.
Là encore une pièce différente de ce que l’on a l’habitude de voir, mais loin d’être importable. On préfèrera des sneakers blanches et un haut très simple pour calmer ce motif.
En conclusion, nous souhaiterions remercier Régis Pennel, qui nous a accordé de son temps pour répondre à toutes nos questions. Nous avons tenté de déblayer pour vous le marché de la création accessible à Paris, afin de détruire les préjugés qui l’entourent et de partager avec le plus grand nombre notre amour des beaux vêtements. Nous souhaitons également une bonne continuation à toute l’équipe de l’exception qui, tous les jours, contribue à nous faire découvrir de nouvelles et jolies perles.
Jérémy et Adrien
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