Il y a quelques mois déjà, nous vous apprenions (et apprenions avec vous) tout sur le tannage du cuir avec la tannerie Degermann. Aujourd’hui, nous ne parlerons pas technique, mais plutôt des différentes peaux. Nous l’oublions trop souvent, mais ces beaux vêtements hors de prix ne sont que des peaux de différents animaux, ayant subi différents traitement. Quelles sont les caractéristiques de ces matières ? Comment les reconnaître ? Qui a besoin d’un bon coup de crème Nivea ? On te dit tout dans cet article.

Les différents animaux

Avant de parler des caractéristiques des différents cuirs, revoyons ensemble les quelques animaux qui vous permettent d’avoir des portes-cartes, des chaussures ou des blousons de qualité ! (Non Marcel, tu laisses ce hamster tranquille…)

Les animaux dits “conventionnels”

  • L’agneau : l’agneau est un animal jeune, son cuir est donc plus fin et plus lisse que son homologue plus vieux – le mouton. Il est souvent utilisé pour des sacs ou des blousons en cuir très souples. Matière relativement coûteuse, son appellation est très contrôlée.
  • le mouton : La différence avec l’agneau (mentionné ci-dessus) est souvent bien complexe à réaliser. En effet, la sélection des peaux se fait sur tréteau, une fois la peau retirée, et non sur animal vivant. Hors, la différence entre l’agneau et le mouton se joue sur l’âge (l’agneau a entre 0 et 3 mois, ensuite, c’est un mouton) et il est difficile de tracer l’âge de l’animal lors du triage des peaux.
    Globalement, la peau du mouton est moins fine que celle de l’agneau, mais l’utilisation est sensiblement identique. Fin et léger pour le printemps, avec sa laine pour l’hiver (pour en faire un bombardier), le mouton a de nombreuses utilisations dépendant de sa finesse.


bombardier la cannadienne

Le bombardier en mouton, grosse tendance de l’hiver 2015-2016 : vous êtes prévenus ! Bombardier La Canadienne.

  • La vachette : Lisse et épais, le cuir de vachette n’est généralement pas un cuir utilisé pour sa noblesse. On le préférera sur des blousons très bruts et très masculins, censés se patiner et se bonifier naturellement avec le temps.
  • Le buffle : Matière naturellement grainée et plus noble que sa copine du dessus, le buffle reste relativement cher et peut prendre de nombreuses formes : très solide ou très souple, selon l’utilisation que l’on veut en faire et le traitement utilisé. On le verra surtout utilisé pour des sacs.

buffle

 

  • La chèvre : Plus épais que l’agneau et plus fin que la vachette, le cuir de chèvre possède une particularité : il ne plie pas. Relativement bon marché comparé au cuir de buffle ou au cuir de veau, il peut être un allié intéressant pour de petits blousons en velours ou encore pour des accessoires.
  • Le porc : Poreux, épais et très résistant, le cuir de porc est vraiment fait pour l’entrée de gamme. On lui accordera ainsi plus de fantaisies, choses que nous ne validons pas particulièrement.
  • Le veau : Très noble et prisé de tous, le veau est lisse, souple et peut prendre encore une fois de nombreuses formes, suivant les traitements : grainé, suédé, épais, fin. Il constitue la spécialité de nombreuses tanneries comme la tannerie Degermann que nous avons visitée.

veau grainé degermann

Veau grainé Degermann.

  • Le cheval : On le connait principalement pour son utilisation en cordovan, ce qui en fait un cuir TRES résistant et épais. Vous le trouverez sur des chaussures la plupart du temps. Attention à vos pieds toutefois, il se détend très lentement et est vraiment rigide.

Les animaux dit “exotiques”

Ici, tout est à prendre avec des pincettes. Certaines espèces sont plus protégées que d’autres et la plupart des peaux viennent de fermes d’élevage ou de milieux très contrôlés. Nous savons toutefois qu’il existe encore un marché illégal que nous déplorons et condamnons.
Nous ne citerons volontairement pas toutes les espèces dont on fait des produits en cuir pour ces raisons. (Aucun bébé phoque ne sera tué pour écrire cet article !) Nous avons ajouté plus de photos que précédemment, c’est beaucoup plus ludique ainsi.

differentes peaux exotiques

 

À terme, vous serez capable de reconnaître tout type de cuir exotique !

 

  • L’antilope : Récemment utilisé par Heschung pour l’un de ses modèles, l’antilope est une belle matière, très difficile à travailler car elle se tâche très facilement. On surveillera bien entendu sa provenance, comme celle de tous les cuirs présents dans cette liste.
  • L’autruche : Utilisé pour sa peau ou pour ses pattes, l’autruche donne un cuir intéressant en raison des points en relief, très particuliers, laissés sur la peau par les plumes (pour les pattes, c’est beaucoup plus particulier et lisse).

cuir patte d'autruche

Cuir de patte d’autruche.

  • Grenouille – crapaud : Un cuir rugueux et boursouflé pour le crapaud, lisse, fin et fragile pour celui de grenouille. Ces cuirs sont relativement peu utilisés dans l’industrie de la mode, on compte deux gros secteurs qui les utilise :  celui de la coutellerie (habillage des manches de couteaux de luxe) et de la petite maroquinerie (bracelets de montre).

cuir de crapaud

Le fond est un cuir d’Autruche, reconnaissable à sa surface. Le bracelet est en cuir de crapaud. Crédits photos : ABPParis.

  • Crocodile – Aligator : Ce sont probablement les cuirs exotiques les plus connus. Les peaux sont chères, rares, et le cuir est très solide. On l’utilise aussi bien en maroquinerie qu’en chaussures.peaux de crocodile

 

  • Tilapia : Ce cuir de poisson est assez intéressant car très fin et très proche du papier. Il servira généralement aux parties nobles en maroquinerie ou à faire des reliures très fragiles (ou à rapiécer un jean n’importe comment quand c’est jérémy qui l’a en main).
  • Galuchat : Ce que l’on appelle généralement galuchat est en fait de la peau de raie, très difficile à tanner, puisqu’elle craque comme de la pierre. Cette peau porte le nom de celui qui a réussi à la tanner en premier. On la reconnaîtra à son aspect granuleux et aux perles blanches en son centre. Note d’Adrien : Nike a récemment sorti une paire de Huarache en galuchat. C’est un cuir qui fait très “féminin” mais qui reste très intéressant.

Nike Air Huarache galuchat

Nike Huarache en galuchat.

  • Requin : Le cuir de requin est assez rare et généralement apprécié pour son aspect non homogène et plutôt solide. On le retrouvera principalement sur des chaussures très exotiques, et parfois sur de la maroquinerie.
  • Lézard : Très difficile à travailler, le lézard est le moins cher des reptiles utilisés pour faire du cuir et sert surtout en petite maroquinerie en raison de sa taille. On l’utilisera vert ou noir selon le but final.
  • Serpent : Python ou Cobra, les cuirs de serpents sont connus pour leur durabilité (ça a l’air tout fin comme ça, mais ça ne bouge pas d’année en année). Le seul problème reste leur élevage très compliqué voire impossible, rendant l’approvisionnement en peau plutôt compliqué. Là encore, faites attention à la provenance de vos produits.

peau serpent

 

  • Pécari : Cochon sauvage d’Amérique du Sud. Le cuir de pécari est utilisé le plus souvent en confection masculine et surtout pour en faire des gants haut de gamme !

peau pécari

C’est un cuir particulier mais que l’on aime beaucoup !

Nous nous arrêterons là. Si certains autres cuirs sont encore plus exotiques, les filières sont trop complexes pour que nous nous exprimions sur le sujet.

Maintenant que nous avons fait le tour de la ferme (et de l’ile de Koh Lanta), passons aux différentes variétés de cuir possibles avec une même peau et selon sa qualité !

Les différentes variétés de cuir

  • Crust : Le crust est un cuir très particulier, dans la mesure où il n’a presque pas été traité. La tannerie n’y a pas posé d’apprêt, et la peau a subi le minimum de traitement chimique. Ce cuir absorbera tous types de traitement ou de couleur, facilement, et il est particulièrement apprécié et utilisé pour les patines (en chaussures comme en accessoires).

cuir vegetal crust

Un crust végétal classique.

  • Cuir végétal : Aujourd’hui, le cuir classique est notamment tanné avec du chrome – le reste des produits constitue une recette en général tenue secrète par les tanneries. Toutefois, il est aussi possible de le tanner en utilisant principalement des matières naturelles (c’est plus long, plus coûteux, et plus compliqué, mais c’est possible), on parle alors de cuir végétal. Le tannage végétal est la plus vieille méthode, utilisée depuis plusieurs siècles. En France, c’est l’écorce de chêne broyée qui a été le plus utilisé.
  • Cuir pleine fleur : C’est le derme, la partie supérieure de la peau, la partie la plus noble (c’est la partie sur laquelle il y a les poils lorsque l’animal est vivant).
  • Cuir fleur sciée : C’est le derme qui a été traité pour améliorer sa qualité. Une première couche a été retirée, mais on ne parle pas encore de couche inférieure de la peau. Le cuir peut par exemple être traité avec du polyuréthane.
  • Nubuck : Contrairement au suédé, il s’agit de la peau du cuir qui a été grattée pour lui donner un aspect duveteux et doux.
  • Suédé ou daim : Il s’agit en fait de la partie chair du cuir qui est grattée pour la rendre utilisable. On considère que le nubuck est plus noble que le suédé, il ne faut donc pas les confondre !
  • Croute de cuir : C’est la partie inférieure de la peau, la moins noble, la moins chère. Elle est souvent utilisée pour les produits d’entrée de gamme qui ne sont pas en simili.

Vous avez maintenant toutes les bases pour connaitre les différents cuirs. Si toutes ces connaissances ne vous serviront pas forcément au quotidien, il est toujours intéressant de pouvoir faire le point quand vous en avez besoin.

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