Rappelez-vous, nous avions publié il y a quelques semaines un article sur la marque néerlandaise 100 hands, qui propose des chemise de très haute qualité, et qui possède sa propre usine en Inde. Nous avions interviewé les créateurs du projet pour en savoir un peu plus sur l’histoire familiale, les valeurs de la marque, et leur manière de procéder. Aujourd’hui, nous allons passer en revue, plus concrètement, cette fameuse chemise ! Détails de fabrication, matières des produits, et looks complets sont à l’honneur. On vous en met plein la vue, en avant !



Dans notre premier article, nous avions insisté sur les qualités particulières des produits, notamment sur le travail à la main, et sur tous les détails que l’on pouvait trouver sur les chemises produites par 100 hands. Le travail artisanal est en effet une composante particulièrement importante pour la marque – c’est en effet un vrai travail d’orfèvre, typique des grands chemisiers italiens, qui est réalisé dans l’usine de la marque.
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Voilà la bête – si je puis dire. On voit assez peu les détails au premier abord, c’est dû à la surexposition de la photographie. Le cintrage est agréable, la chemise tire un peu au niveau du larynx, du fait de ma carrure de sportif – on reste sur du prêt-à-porter.




Ci-dessous, la suite de notre interview avec Akshat Jain. Notez que la plupart des détails que nous aborderons appartiennent à la “Gold line”, la ligne haut de gamme de 100 hands que j’ai moi même testée. Les chemises de la black line possèdent plus de détails réalisés à la machine, et non à la main.

Le diable se cache dans les coutures

Be What You Wear : Qu’est ce qui est fait à la main et qu’est ce qui ne l’est pas ?

100Hands : Il est important de noter que pour nous, ce n’est pas tant le travail à la main qui rend nos produits spéciaux, mais bien la finesse et la précision avec lesquels nous travaillons. Il y a beaucoup de marques qui peuvent produire des chemises à la main, mais très peu – pour ne pas dire aucune – qui mettront autant de passion et de temps derrière chaque pièce afin que tout se fasse de la plus précise des manières.


La qualité d’une chemise ne se vérifie pas au nombre de points de coutures, mais bien à la qualité de ces coutures, à la manière dont elles sont réalisées. Ci-dessous, une liste – loin d’être exhaustive – des quelques opérations réalisées à la main.
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Une chemise blanche se porte avec tout, par définition. La plupart des clients de la marque portent ce type de chemise avec des costumes, je suppose. Gilet engineered garments.



1) Les patrons sont dessinés à la main – c’est une étape particulièrement importante, car cela permet de travailler au plus près de la posture naturelle du client, spécialement pour la partie “Bespoke”. Tout est dessiné au crayon et sur papier. Nota : On reviendra certainement un jour sur la création de patrons uniques et à la main pour chaque chemise – voire chaque client, il y a beaucoup à dire sur le patronage et la gradation, notamment.


2) Tout est coupé à la main, et chaque morceau de tissu est coupé un à un, pour chaque chemise. On ne coupe pas plusieurs “couches” de matières en même temps.


3) Découpage de la matière et collage du col, des poignets. Le design du col est réalisé selon les désirs des boutiques et des clients par une petite équipe qui travaille sur chaque collection – oui, il y a bien une saisonnalité chez 100 hands, qui reste une marque de prêt-à-porter “classique”.

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Un zoom sur l’intérieur du col – je laisse exceptionnellement toutes les photos en grand format, afin que les détails soient plus visibles.




4) Dessin et découpage des soufflets.


5) Couture de l’intérieur/l’extérieur du col, des épaules, des manchettes.
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Zoom sur les coutures d’épaule. La marque de fabrique des produits 100 hands, c’est cette sorte de défaut minimal, sur les coutures, qu’aucune machine n’est capable de produire. J’aime beaucoup, notamment, la couture verticale la plus à droite, un peu effacée (et complexe à prendre en photo).



8) Tout le squelette de la chemise est également réalisé à la main. C’est une opération très particulière, et aucun fil ne dépasse, à l’intérieur ou à l’extérieur de la chemise. Ce niveau de finitions est extrêmement élevé.

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Ceci n’est pas “vraiment” une hirondelle. Très précisément, c’est à cet endroit que le fil qui permet de coudre tout le squelette de la chemise se termine. Si un seul fil ressort, l’opération entière est reprise à zéro.




6) les boutons sont cousus à la main. À noter qu’il n’y a aucune différence, sinon esthétique, entre les boutons cousus en fleur de lys et les boutons cousus en croix.
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Les boutons 100 hands “Mother of Pearl” sont d’une densité supérieure à la moyenne. J’aime beaucoup l’épaisseur des boutons, qui sont d’une qualité incroyables – superbes couleurs, reflets.



7) le monogramme “100 hands”, la signature du magasin ainsi que les boutonnières sont également réalisés à la main. La technique – datant d’une centaine d’année – qui sert à produire les boutonnières et les monogrammes est unique et exclusivement réalisée par la marque. Pour une seule boutonnière, il faut compter une heure à une heure trente de travail. Pour le monogramme, 2 à 3 heures.
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Les boutonnières sont réalisées à la main. Les irrégularités que l’on peut – difficilement – apercevoir sur la photo sont caractéristiques de ce travail.



La plupart des professionnels du métiers n’ont d’ailleurs pas cru à un travail réalisé à la main sur ces différents détails, jusqu’à ce qu’Ashkat leur montre les irrégularités, qui ne pouvaient être produites par une machine.
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W pour “Wilman”, enseigne dans laquelle j’ai pu obtenir la chemise. Vous avez ici un zoom sur la manche.



8) Les motifs correspondent les uns avec les autres – tous les motifs sont pensés en continuité sur toute la chemise – c’est quasiment unique, et cela prend entre trois et cinq heures d’efforts supplémentaires.



Be What You Wear : Combien de collaborateurs employez-vous ?

100Hands :Nous avons approximativement 120 collaborateurs dans notre usine. En plus, nous avons en permanence entre 10 et 15 % de notre équipe qui est en formation constante, puisqu’il faut beaucoup de connaissances et de patience pour couper, coudre certaines parties des chemises et ainsi frôler la perfection. Les tailleurs les plus compétents ont besoin de 12 ans d’expérience, ou plus, afin de produire la “golden line” de 100 hands.



Be What You Wear : En France, on insiste beaucoup sur le nombre de points par centimètres, qu’en-pensez vous ?

100Hands :Le nombre de points par centimètre est promu par l’industrie textile de masse comme une des clés pour une chemise de qualité, mais ce n’est pas vraiment un indicateur de luxe artisanal. C’est un simple paramètre de machine, et c’est un simple problème de rendement. Plus de points par centimètre signifie simplement une quantité de production plus faible. Les chemises 100 hands possèdent effectivement l’un des plus hauts taux de points par centimètres dans l’industrie – 11 plus exactement – mais ce n’est pas quelque chose que nous promouvons comme un facteur différenciant. Ce qui nous semble le plus important est la finesse, la minceur des nos coutures (2 mm), et le fait qu’elles soient absolument droites. En l’occurrence, si les coutures ne correspondent pas à nos critères de qualité, nous ré-ouvrons la chemise par le côté et nous répétons l’opération, jusqu’à ce que la qualité soit satisfaisante.

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Be What You Wear : Quelles sont les matières que vous utilisez pour les chemises 100 hands ?

100Hands : L’utilisation de matières naturelles et de qualité est très importante pour une chemise de bonne qualité. C’est le cas avant tout pour la partie intérieure de la chemise, ce qui n’est pas visible par le consommateur final, comme la qualité de l’entoilage par exemple. L’entoilage de première qualité, réalisé à la main dans les chemises 100 hands, permet à la chemise de conserver sa forme initiale pour une période plus longue. Cela permet d’éviter les déchirures qui pourraient apparaître.


Pour la matière elle même, nous utilisons des matières à forte valeur ajoutée : coton sea island, cachemire coton… Récemment, nous avons utilisé pas mal de matières japonaises produites sur des machines traditionnelles. Concernant les boutons, nous utilisons de la Mother of Pearl, une matière très luxueuse. Cela nous paraît essentiel : si nous n’avons pas les matières correctes, cela ne sert à rien de passer autant de temps sur chaque chemise.



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Merci aux deux créateurs de la marque de m’avoir permis d’écrire un article si complet au sujet des chemises. Il y aurait tant à dire, encore ! Mais je souhaitais écrire un article digeste, afin qu’un maximum de nos lecteurs comprennent les messages les plus importants. Soyez vigilants et n’oubliez pas que vous jugez de la qualité d’une chemise, il faut avant tout faire confiance à son oeil ! Finitions, matières et coupes sont les points les plus importants à vérifier.



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Adrien

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